Être transgenre est un état il faut reconnaître

TÉMOIGNAGES

Trans, elle nous apporte un témoignage poignant

Le quotidien d’une personne trans, en cours de transition, dans la vie quotidienne, dans l’entreprise. C’est le témoignage qui nous est laissé. Il est simple, émouvant, sincère. Il nous questionne sur l’accompagnement que l’entreprise met en place, sur le regard de l’autre.

Coralie * Ma écrit pour nous faire partager son expérience et ses doutes dans sa démarche de transition. Son témoignage, émouvant, d’une grande sincérité, illustre les difficultés des personnes trans, tant dans leur démarche personnelle que dans leur accompagnement. Ce travail d’aide, d’accompagnement et de reconnaissance est un enjeu que les associations LGBT, et Mobilisnoo en particulier, ont à cœur de porter auprès des entreprises et des pouvoirs publics.

Voici son témoignage.

« (…)
Depuis le mois de janvier ma vie bascule.
Depuis l’enfance je suis plus à l’aise avec l’univers féminin qu’avec l’univers masculin.
Depuis l’adolescence, j’ai aussi pris conscience que j’aimais m’habiller en femme et aussi que j’étais fortement attiré par les femmes. Mais j’ai eu aussi à ce moment là un mal être en me demandant de quoi serait fait mon avenir sans trop savoir ce qui m’inquiétait exactement sauf cette ambiguïté entre genre et sexualité. J’ai pensé à me suicider mais y ai renoncé en me disant que je loupais peut être des moments de bonheur. A cette époque, j’ai réussi à en parler à une seule personne, mon petit frère, qui n’a pas compris mon message, mon appel, et qui a rompu le dialogue : je suis venu le voir habillé et maquillé avec les affaires de notre mère. Puis j’ai rencontré ma femme dès les début de mes études supérieures. J’ai cependant continué à avoir envie de m’habiller en femme tout au long de ma vie, je l’ai fait avec ses vêtements à elle… Elle a été au courant très vite. Avec elle, j’ai posé les bases d’une stabilisation de mon coté homme, nous avons eu deux filles et nous avons vécu ensemble jusqu’à ce que ma femme considère que nos vies étaient devenues parallèles et que nous ne partagions plus de projets communs. Elle est partie il y a  trois semaine. L’éloignement a commencé l’été dernier, début juillet 2019.
Vers la fin de l’année, ma femme m’a dit, comme ça, comme un cheveu sur la soupe, que si j’avais envie de venir travailler habillé en femme, elle me soutiendrait et me défendrait si on se moquait de moi (elle n’avait alors pas encore pris la décision de me quitter). J’ai eu comme un électrochoc, je me suis dit alors que je voulais avoir mes propres affaires; j’ai acheté des vêtements à ma taille, j’ai choisi une perruque, me suis acheté des chaussures, un sac à main, du maquillage. Cependant, je vis toujours en homme et ne m’habille en femme que lorsque j’ai suffisamment de temps pour effectuer cette transformation physique. Souvent quand je dois revenir à mon apparence d’homme, j’ai l’impression de me poignarder, particulièrement quand j’enlève la perruque! Mais prendre la décision de devenir une femme, je n’y suis absolument pas prêt à l’heure actuelle. Je cherche d’abord à éprouver cette envie sur des périodes plus longues que quelques heures (effectuer des tests à plus grande échelle). J’éprouve de très grandes joies en femme, j’ai par trois fois fait du shopping en magasin, je ne m’en lasse pas; j’y passe des heures et cela me procure des sensations et des émotions très fortes lorsque je me vois dans les miroirs des magasins en face des cabines d’essayage. J’ai plusieurs fois été au bord des larmes, des larmes de joie. Je n’ai jamais eu ces émotions lorsque je fait du shopping en homme. Je suis donc dans l’expectative et avancer plus me fait peur pour les conséquences avec mon entourage (mes filles sont au courant depuis peu) et surtout mes voisins et dans l’ entreprise où tous me connaissent depuis longtemps comme Mickaël* et auront sans doute du mal à passer de Mickaël à Coralie. Serais-je en mesure d’assumer cela? Est-ce le bon choix de commencer à prendre des hormones? Et l’opération de changement de sexe?… J’ai encore beaucoup de doutes et d’interrogation et le travail avec ma psychologue ne me permet pas (encore) de trouver toutes les réponses. Voilà pourquoi je me pose la question de l’accompagnement éventuel d’Orange, surtout en devant gérer par ailleurs ma séparation. De plus, au travail, j’ai une pression pour trouver un nouveau poste avant la fin de l’année. Cette profonde remise en question de mon existence, avec toutes les autres problématiques sont autant de défis que j’espère pouvoir relever. »

(*) Les prénoms ont été changés

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