Dans notre société, peu de personnes refusent d’utiliser les réseaux sociaux. Et parmi ceux qui sont les plus populaires, Instagram s’est avéré être une révélation et un modèle en terme de partage de contenu et création de communautés. Alors, bien évidemment, la communauté LGBTQI+ a le droit à sa part et y est bien représentée.

10 comptes Instagram de la communauté LGBTQI+ ils nous emmène fièrement sur les sommets
10 comptes Instagram de la communauté LGBTQI+ ils nous emmène fièrement sur les sommets @Gettyimage
PORTRAIT 2022 Sur Instagram, ce couple gay de grimpeurs nous emmène fièrement sur les sommets

Nous avons donc décidé de répertorier des comptes qui, selon nous, valent le coup d’être suivis pour leur contenu queer. Nous avons divisé cela en trois sections qui semblent logiques et représentatives de notre audience : une pour la communauté LGBTQ+ en général, et deux autres particulières pour les personnes lesbiennes et gays. On tient à préciser que les chiffres annoncés dans cet article datent de Juin 2022. Si vous lisez ceci quelques mois après sa publication, il est fort probable que les nombres de followers ou publications annoncés ne soient pas à jour.

Attention tout de même : nous vous demandons de ne pas aller suivre ces comptes pour faire de la pub ou des shout outs. Et encore moins pour y partager du contenu haineux ou LGBTphobe. Les auteurs de commentaires de ce style ne sont pas les bienvenus, que ce soit sur la plateforme Instagram ou sur ce site. Merci pour votre compréhension.

4 comptes Instagram de la communauté LGBTQI+

Ces comptes publient du contenu qui peut concerner beaucoup de communautés et sous-communautés au sein même de la grande famille LGBTQI+. Nous avons essayé de varier un minimum la nature du contenu publié sur les différents comptes :

Compte Instagram ayant près de 238k followers et 2,021 posts à son actif. Leurs posts sont plutôt sur l’actu, histoire, culture, témoignages de la communauté LGBT+. Rencontres militantes  relatent de situations que la communauté LGBTQ+ a pu vivre / vit au quotidien. Le compte reprend également des messages et posts de la communauté LGBTQ+ pour les mettre en avant.
Nous allons maintenant vous présenter un deuxième compte un peu plus sérieux. lgbt_history possède 708K followers et a, à son actif, pas moins de 4 772 publications sur la plateforme.
Ces publications sont souvent axées Histoire LGBTQ+ et mettent en avant des figures importantes et activistes de la communauté. Ce genre de post est, à notre goût, intéressant pour comprendre les situations des différentes communautés aux différentes époques, et le mouvement LGBTQ en général. En effet, le mouvement LGBT date d’il y a plusieurs décennies, mais il a évolué considérablement depuis, notamment aux alentours de l’année 2010. Les publications de ce compte vous aideront peut-être à voir cela plus facilement et clairement.
Mais plus que cela, vous pourrez également apprendre sur les combats que les précédentes générations ont mené pour vous permettre de vivre dans le Monde que vous connaissez aujourd’hui.

Cheers2queers est un autre compte très actif de la communauté queer sur la plateforme
Le compte met en avant des actualités LGBTQ+ concernant principalement les Etats-Unis. Mais le compte partage également des memes, tweets et autre contenu qui est souvent amusant de retrouver en ouvrant son compte Instagram.
Tout comme le reste des comptes, mais il semblait pertinent de le repréciser, n’essayez pas de faire de promotion ou des shout outs dans ce groupe, c’est interdit.
 Queerbible avec des publications légèrement similaires au deuxième compte présenté sur cet article, queerbible se concentre sur les héros et personnes importantes de la communauté LGBTQ+ au fil du temps.
Cela passe notamment par des photographies ou portraits d’époque. Mais le compte a également des publications plus funs, des memes, ou vidéos amusantes liées aux différents / différences dans la communauté LGBTQ+, ou en rapport avec les personnes hétérosexuelles.
C’est donc un compte plaisant à suivre si vous souhaitez découvrir, mais également passer du bon temps.

3 comptes Instagram de la communauté lesbienne

Ces comptes concernant surtout les femmes qui aiment les femmes. Bien que certains publient de temps à autre du contenu à destination d’une communauté un peu plus large, c’est en majorité aux femmes homosexuelles que leur contenu s’adresse. Alors tenez-vous prêt(e), il y a une odeur de romance saphique dans l’air. Et ce pour le plus grand plaisir de ces dames!

Herstory compte Instagram pour la communauté lesbienne, le compte H_e_r_s_t_o_r_y est suivi par 155 000 personnes et enregistre plus de 3 308 posts. Parmi le contenu diffusé, on y retrouve surtout des histoires de femmes lesbiennes à travers l’histoire. Mais ont voit passer également des memes de la communauté, ou des dates et événements importants qui sot rappelés. On y trouve également quelques oeuvres de littérature lesbienne. Si vous êtes intéressés par la littérature, drapeau-lgbt a son propre article sur les meilleurs livres de la communauté LBGTQ+. Il se site à cette adresse
Ce compte de la communauté homosexuelle féminine a 49,4K followers, et comte à ce jour pas loin de 323 posts. Le but du compte ? Rendre hommage à des femmes lesbiennes qui ne sont plus de ce Monde. Alors préparez-vous à voir des photos en noir et blanc ou jauni par le temps, Lesbianherstoryarchives vous emmène à la rencontre de personnes qui ont forgé le présent pour cette communauté. Mais elle ont également aidé le reste des LBGTQ+ dans leur combat, car nous faisons tous parti du même famille malgré nos différences.
Pour la troisième sélection lesbienne, nous avons décidé de vous présenter un compte mettant en avant la culture saphique à traverse le cinéma et l’art en général. Godimsuchadyke est un compte de la communauté lesbienne publiant également des moments lesbiens de célébrités, qu’elles soient ou non revendiquées lesbiennes.
On peut aussi trouver dans leurs publications des memes et d’autres contenus drôles et divertissants.
Le compte est suivi par près de 156 000 personnes et enregistre à son actif plus d’un millier de posts.

3 comptes Instagram de la communauté gay

Ces comptes vont plutôt intéresser les hommes qui aiment les hommes. Tout comme les comptes de la section lesbienne, certains comptes gays publieront de temps à autre du contenu à destination d’autres communautés LGBTQ+. Mais la majorité reste tout de même à destination des hommes homosexuels.

Pour commencer avec les comptes de la communauté masculine homosexuelle, nous allons vous montrer des hommes fiers, non seulement d’être gays, mais également d’être pères !
Que de sourires sur les publications de gays_with_kids qui ne compte pas moins de 168 000K followers et approche des 3 856 posts ! Sur ces derniers, on retrouve les photos mais également les histoires des différents couples gays et de leurs enfants.
Et si vous n’étiez pas encore certains qu’une famille composée de deux pères est une bonne chose, dépêchez-vous d’y jeter un coup d’œil. On trouve peut-être encore plus de bonheur et bonne humeur chez ces pères et leurs enfants que dans les couples hétérosexuels !
Compte de la communauté gay plutôt sympathique malgré qu’il soit bien moins actif que les autres.
Les propriétaires de makeitgayer s’amusent à partager les tweets les plus intéressants sur les homosexuels, leurs problèmes, situations hilarantes, …
Suivi par 15 300 personnes, ce compte n’a que 85 posts à son actif, mais on a pensé que cela pourrait vous plaire tout de même !
Pour finir cet article, nous allons vous présenter un compte graphiquement sympathique.
En effet, gayart.club est un compte Instagram partageant des dessins plutôt plaisants à l’œil d’hommes gays, souvent représentés en couples. Attention cependant, la représentation est très caricaturale : beaucoup trop de corps musclés.
Mais avec près de 21,3K followers et 281 publications à leur actif, n’est-ce pas normal de leur part de flex un peu ?

Un membre du Fidesz détaille les conséquences de la loi interdisant la représentation de l’homosexualité devant les mineurs, loi qui inquiète les LGBTQ mais aussi les milieux culturels.

La liberté des droits des LGBT en Hongrie pour les homosexuels contraints à la discrétion
La liberté des droits des LGBT en Hongrie pour les homosexuels contraints à la discrétion

Le dimanche 3 avril, alors que les législatives prennent déjà l’allure d’un référendum pour ou contre Viktor Orban, les électeurs sont invités à répondre à quatre questions contre la « promotion » de l’homosexualité ou du changement de sexe auprès des mineurs.

Le gouvernement demande l’assentiment populaire sur une loi déjà adoptée cet été au Parlement, qui proscrit la « promotion » de l’homosexualité ou du changement de sexe auprès des mineurs. Cette dernière interdit par exemple l’apparition de toute personne gay ou transgenre à la télévision avant 22 heures. Les quatre questions du référendum sont ainsi libellées : « Soutenez-vous la tenue de séances d’orientation sexuelle pour les enfants mineurs dans l’enseignement public sans accord parental ? » ; « Soutenez-vous la promotion des traitements de changement de sexe pour les mineurs ? » ; « Soutenez-vous l’introduction sans restriction de contenus à caractère sexuel dans les médias en direction de mineurs et qui affectent leur développement ? » ; « Soutenez-vous l’affichage de contenu médiatique sensible au genre pour les mineurs ? »

Procédure d’infraction contre la Hongrie

De telles prises de position sont récentes en Hongrie. L’homosexualité avait été dépénalisée dès le début des années 1960, et l’union civile entre conjoints du même sexe reconnue dès 1996. La Commission européenne a lancé jeudi 15 juillet une procédure d’infraction contre la Hongrie, membre de l’Union européenne depuis 2004. La charte des droits fondamentaux de l’UE interdit en effet toute discrimination en fonction de l’orientation sexuelle. Le site progouvernemental du référendum dénonce « les bureaucrates et certains groupes d’activistes à Bruxelles ». Il défend une loi qui « offre une protection adéquate contre la propagande affectant les enfants, que ce soit sous la forme de contenus médiatiques ou de conférences données par des militants dans les écoles ».

L’opposition, elle, dénonce une tentative de manipulation. « Le but n’est pas de protéger nos enfants, mais de renforcer les divisions du pays en reproduisant les politiques de Poutine d’incitation à la haine contre la communauté LGBTQ et détourner l’attention des vrais problèmes du pays : la hausse continue des prix, le système de santé dans une situation catastrophique, les moyens de subsistance ou la corruption généralisée », considère le parti d’opposition Momentum sur son site Internet.

Les ONG appellent à ne pas voter

De nombreux votes nuls pourraient invalider ce référendum parallèle, même si trois Hongrois sur quatre sont tentés de voter « non » à la première question sur l’autorisation parentale pour l’éducation sexuelle à l’école, selon les sondages.

En effet, le vote ne sera valable qu’à condition de mobiliser la moitié du corps électoral (établi à 8,2 millions de citoyens), sur l’ensemble des questions. En tout, 14 ONG ont appelé à ne pas y participer. Dont Amnesty International Hongrie, qui dénonce une tentative de « masquer les minorités sexuelles et de genre aux yeux du public ».

Des citoyens hongrois, exilés en Europe ou restés dans leur pays natal, racontent comment les lois discriminatoires du pouvoir conservateur envers les personnes LGBT changent leur quotidien.

Angelika, 41 ans, maquilleuse : “Je commence même à avoir peur qu’on me retire ma carte d’identité”

“En 2002, j’ai été la troisième femme en Hongrie à pouvoir bénéficier d’une opération de réassignation sexuelle [qui permet de modifier les caractéristiques sexuelles initiales afin qu’elles correspondent à l’identité de genre]. Comme c’était très rare à l’époque, je suis devenue célèbre : j’ai fait la couverture de magazines, j’ai été invitée par des émissions de télévision à débattre ou à chanter, j’ai participé à des programmes de télé-réalité…

Ces dernières années, je sens que les opportunités se sont raréfiées. A cause des opinions propagées par le gouvernement, je suis sur liste noire. Je ne peux plus vivre de ma notoriété. Il y a deux ans, je suis devenue maquilleuse-coiffeuse, même si je continue de temps à autre à être invitée par une émission. Je commence même à avoir peur que le gouvernement me retire ma carte d’identité de femme. Si c’est le cas, je partirai vivre à l’étranger, même si ce n’est pas ce que je souhaite.

“Le climat transphobe a affecté ma vie personnelle. Quel homme en Hongrie voudra m’épouser et construire une famille avec moi ?”

Cette fixation du gouvernement sur les personnes trans est incompréhensible : nous sommes un très petit nombre en Hongrie et nous ne bénéficions d’aucune visibilité. Un Hongrois moyen ne croisera probablement jamais une personne trans de toute sa vie ! En s’acharnant sur les personnes LGBT, en les excluant, en les forçant à opprimer leurs pairs pour être socialement acceptées, Orbán crée une société traumatisée.”

Klára, 64 ans, ancienne députée : “Sa stratégie est de désigner un ennemi, aujourd’hui ce sont les LGBT”

“En 2005, j’ai été la première responsable politique en Hongrie à faire mon coming-out en tant que lesbienne, durant une émission de télévision. Au sein de ma famille et de la classe politique, ce n’était un secret pour personne. Quand le journaliste m’a demandé si j’étais effectivement lesbienne, j’ai répondu : ‘Oui’. Mentir m’aurait fait honte.

Pourtant, je n’avais pas envie de devenir un symbole. Je n’étais pas du tout active dans la communauté LGBT et je voulais être reconnue pour mes compétences sur les réformes économiques et sociales. Mais évidemment, je le suis devenue. J’ai reçu des centaines de lettres d’électeurs ! Après ça, je n’ai plus occupé de fonctions au sein du bureau national de mon parti et je n’ai plus jamais été élue députée, sans que je sache si c’était directement lié à mon coming-out. J’ai arrêté la politique et désormais, je dirige une clinique à Budapest.

J’ai bien connu Viktor Orbán, avec qui j’ai cofondé le Fidesz [à la fin des années 1980, il s’agissait d’un parti de jeunes démocrates de centre-gauche anti-communistes]. Je ne crois pas qu’il soit sincèrement homophobe, il n’en a rien à faire au fond des personnes LGBT.

“Chacune de ses actions est une tactique politique afin de conserver le pouvoir.”

Sa stratégie est systématiquement de désigner un ennemi : aujourd’hui ce sont les LGBT, mais avant, c’était les chômeurs, les sans-abri, les migrants, l’Union européenne… L’objectif avec cette loi est aussi de diviser l’opposition, entre le Jobbik (droite) qui a voté pour le texte et les autres partis plus progressistes, qui ont voté contre ou se sont abstenus.”

Marton, 38 ans, directeur des ventes : “Un couple hétérosexuel passera toujours avant nous”

“J’ai rencontré mon mari [le mariage pour les gays et les lesbiennes n’existe pas en Hongrie, mais il est possible de se pacser depuis 2009], Adam, il y a dix ans lors d’une fête. Ça a été le coup de foudre. J’ai toujours su que je voulais avoir un enfant et lui aussi. En Hongrie, les couples gays ne sont pas autorisés à adopter, mais les personnes célibataires oui. En 2015, on a donc lancé la procédure pour que j’adopte en tant que personne seule.

Nous n’avons jamais caché à l’agence d’adoption et au psychologue chargé de m’évaluer que nous étions un couple d’hommes. Ça n’a pas posé de problème, et j’ai été déclaré apte à adopter. L’agence nous a néanmoins prévenu qu’un couple hétérosexuel nous passerait toujours devant et qu’il faudrait être patient. Nous avons attendu trois ans.

“En janvier 2018, on nous a proposé un garçon de 18 mois qui avait été refusé par 12 couples hétérosexuels. C’est comme ça que j’ai pu adopter Andréas.”

Comme nous aimerions avoir trois enfants, Adam a à son tour entamé la procédure d’adoption, en 2018. Mais en novembre 2020, le gouvernement hongrois a changé la législation : désormais, toutes les demandes d’adoption de personnes seules doivent passer par le ministère de la Famille pour être validées, même si elles ont déjà été approuvées par l’agence d’adoption. Ça n’est pas dit clairement, mais évidemment cette mesure permet de discriminer plus facilement les personnes LGBT. Comme mon mari et moi avons publiquement dénoncé cette loi, je crains que le gouvernement n’accède jamais à notre deuxième demande d’adoption.”

Csaba, 53 ans, concierge : “Quand j’ai compris que j’étais gay, je ne l’ai dit à personne”

“Je suis né en 1969 dans une petite ville dans l’ouest de la Hongrie. A l’époque, la télévision nationale hongroise était notre seul lien avec le reste du monde. Elle n’évoquait jamais l’homosexualité et mes parents, un réparateur et une femme de ménage, n’ont jamais abordé avec moi les questions de sexualité. Je ne savais même pas ce que voulait dire être gay. Pourtant, j’ai su très jeune que j’étais différent. Mais toute la journée, j’entendais des gens parler des ‘putains d’homos’, etc. Quand j’ai compris que j’étais gay, je ne l’ai dit à personne.

“Peut-être que si j’avais pu en parler à l’époque, ma vie aurait été différente.”

J’ai déménagé à Budapest à 23 ans en pensant que ça serait plus simple de se cacher dans une grande ville. Là-bas, j’ai finalement fait mon coming-out auprès de tout le monde, même mes collègues, et je n’ai jamais eu de souci. Mettre dans la même loi la pédophilie, qui est une mauvaise chose, et l’homosexualité, qui ne l’est pas, entraîne forcément une connexion entre les deux dans l’esprit des gens. Le pays est si divisé sur ce sujet et sur la politique en général, entre les partisans d’Orbán et les autres, que j’ai préféré déménager l’hiver dernier à Cologne, en Allemagne.”

Matteo, 22 ans, étudiant : “La loi interdit de parler d’homosexualité à l’école, mais ça n’était déjà pas le cas”

“C’est compliqué de tenir la main de mon copain dans la rue, on ne peut jamais être à 100% nous-mêmes. En septembre, on se baladait dans le centre-ville de Budapest quand trois hommes d’une quarantaine d’années nous ont vus au loin et ont couru vers nous en nous insultant.

“J’ai dû attendre de déménager en Angleterre, en 2018, pour comprendre que j’étais gay et réaliser que c’était une option possible dans la vie.”

A Londres, où je suis parti faire mes études d’informatique, je n’ai pas l’impression de devoir faire attention à ce que je fais comme ici. Là-bas, tous mes amis savent que je suis gay. En Hongrie, je l’ai dit à ma famille qui l’a très bien pris, mais pas à tous mes amis d’enfance. Je ne suis pas certain de la réaction de certains d’entre eux, alors je préfère attendre.

La loi qui vient de passer interdit de discuter de l’homosexualité à l’école, mais ça n’était déjà pas le cas ! C’est un véritable tabou. Mes amis gays qui vivent ici sont obligés de le cacher à leurs collègues, sinon ils savent qu’ils ne pourront jamais être promus. C’est pour ça que je ne me vois pas vivre en Hongrie plus tard.”

Anna, 38 ans, chercheuse et activiste : “Je ne me laisserai pas intimider”

“La loi qui dit ‘protéger les mineurs’ est tellement vague qu’elle n’est pas faite pour être appliquée, mais pour provoquer l’autocensure. Mais je ne crois pas au fait qu’elle entraîne beaucoup de changements. Les professeurs qui veulent aborder le sujet de l’homosexualité pourront le faire en montrant Friends ou Modern Family [deux séries américaines dont certains personnages sont LGBT+par exemple, en prétextant qu’il s’agit de progresser en anglais. Moi-même, en tant qu’enseignante, je ne me laisserai pas intimider et je continuerai d’aider mes élèves à découvrir qui ils sont.

“J’ai confiance en l’Union européenne pour forcer Orbán à reculer.”

En revanche, je crains qu’il utilise les sanctions européennes pour faire monter le sentiment anti-européen au point que la question de la sortie de l’UE se pose un jour. C’est quelque chose qui me fait très peur, car les femmes, la communauté LGBT et les minorités en Hongrie seraient abandonnées. Je pense que si ça arrive, nous serons très nombreux à partir vivre à l’étranger.”

Au cours des dernières décennies, on a pu observer dans chaque génération, des styles différents se marquant dans les aspirations, les représentations, les comportements. S’il y a bien un mouvement dans la durée où se marque une orientation globale, il y a une dominante particulière dans chaque génération. Et certaines d’entre elles, comme la génération qui a participé aux évènements de la fin des années 1960, à travers le moment de 1968, est perçue comme une génération innovante par les sociologues et les historiens.

Dans la perspective des mutations en cours dans nos sociétés, le mouvement se poursuit. Assurément, la mondialisation, la révolution numérique, la prise de conscience écologique ne peuvent pas se développer sans marquer les esprits. Et c’est ainsi qu’on parle aujourd’hui d’une génération Y qui rassemble les jeunes nés dans les années 1980 et 1990. Les changements de mentalité sont rapides et on évoque déjà une prochaine génération Z.

Cependant, notons d’emblée que si les enquêtes mettent bien en évidence des inflexions, la jeunesse n’est pas homogène dans ses conditions sociales et son rapport à la société, et donc dans ses comportements. Si cette réalité appelle la prudence dans les généralisations, il n’en est pas moins vrai qu’on peut constater des changements de mentalité sensibles dans certaines portions des jeunes générations, particulièrement dans le groupe le plus instruit.

Les aspirations nouvelles interpellent les institutions. Elles font irruption dans la vie professionnelle où elles remettent en question les cadres dominants et les institutions établies. Ainsi la génération Y manifeste une recherche de sens et un désir d’accomplissement. La génération suivante poursuit le mouvement vers une recherche accrue d’autonomie et d’initiative.

En Europe, de nombreuses personnes sont montrées du doigt en raison de leur orientation sexuelle, réelle ou perçue, ou de leur identité de genre; de ce fait, elles ne peuvent exercer pleinement leurs droits de l’homme universels. Certaines sont victimes de crimes de haine et ne sont pas toujours protégées contre des agressions pouvant être commises, parfois en pleine rue, par leurs concitoyens.

Parallèlement, les organisations qui les représentent peinent à être reconnues ou à obtenir l’autorisation d’organiser des réunions et des rassemblements pacifiques. Parmi ces personnes, certaines se sont réfugiées dans des Etats membres du Conseil de l’Europe pour fuir des pays où elles risquaient d’être torturées ou exécutées en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Pourtant, rares sont les leaders d’opinion et les responsables politiques qui ont fermement pris position contre la discrimination, la violence et les autres manifestations d’homophobie et de transphobie.

Le pédophile violeur et meurtrier cristalliserait aujourd’hui la figure de l’inadmissible dans nos représentations. Les crimes sexuels, longtemps gardés dans le secret des familles, représentaient entre 1826 et 1840 un cinquième de la criminalité officielle, contre la moitié aujourd’hui. L’abuseur sexuel, même pédophile, a longtemps été toléré par les populations, dès lors qu’il ne s’en prenait pas aux fillettes ou garçons protégées par un statut.

Ce crime fut longtemps pourtant perçu comme un délit sans victime, donc sans peine. Aujourd’hui, les « agressions sexuelles » (art. 222-22 du Code pénal), selon la nouvelle incrimination nettement plus explicite que l’ancien « attentat », rassemblent des atteintes perçues comme insupportables à l’intégrité physique et psychique de la personne dont le consentement a été nié. Les poursuites contre ce type de délinquance ont été multipliées par quatre en 1980 et 2009. Plus de 9 000 personnes sont actuellement détenues en France pour crime ou délit sexuel.

L’abus sur enfants ou jeunes femmes renvoie à la figure du récidivisme, imprévisibilité, diffusion supposée dans le corps social alors que notre société « assurancielle » (Pascal Bruckner) n’admet plus le risque. Le pédophile serait partout parmi nous, comme les voleurs alimentaient l’imaginaire d’une « armée du crime » au XIXe siècle. L’affaire d’Outreau a ranimé la hantise du complot, du trafic d’enfants jusque dans les rangs des magistrats…

Voici quelques rappels historiques qui reprennent les événements ou périodes les plus marquants sur le sujet.

PÉRIODE DE L’ANTIQUITÉ

Dans la société grecque de l’Antiquité, le pouvoir était essentiellement détenu par les hommes. Les femmes sortaient peu et y assumaient leurs taches d’épouse et de mère. L’érotisation des rapports entre hommes était possible mais très codifiée. Ils étaient envisageables mais devaient suivre certaines règles. Celui qui détenait le pouvoir social devait être pénétrant dans le rapport (L’adulte avait le pouvoir sur le plus jeune, le citoyen libre sur l’esclave). D’autre part, le choix de ces relations homosexuels étaient l’apanage des classes sociales dominantes et étaient limitées dans le temps. Cette approche se retrouve chez certaines populations pour lesquelles le fait d’assumer le rôle pénétrant dans une relation avec un autre homme ne fait pas de vous un homosexuel. Des termes comme « lesbienne » ou « saphisme » viennent de Sapho, une poétesse qui vécut dans l’île de Lesbos à la fin du VIIe siècle av. JC. Elle célébrait le désir et l’amour des femmes entre elles.

PÉRIODE MOYEN-AGE

Si, au début du Moyen Age, l’homosexualité est tolérée, elle est par la suite condamnée par l’Eglise. Le 3ème concile du Latran (1179), canon 11, précise : « Tous ceux qui seront convaincus de se livrer à cette incontinence contre nature, seront chassés du clergé s’ils sont clercs, ou relégués dans des monastères pour y faire pénitence […]. Plus tard, l’homosexualité, considérée comme une hérésie, peut aboutir parfois à une condamnation à mort par le bûcher.

PÉRIODE RENAISSANCE

A cette période, l’art est, en partie, sous influence italienne. Les relations sexuelles entre hommes sont perçues comme le « vice » italien. Le « mal » vient de l’étranger. L’influence religieuse s’accentue. Certains rois ont leurs « mignons », privilège de la haute société. C’est également à la Renaissance que se met en place un discours hostile aux amours entre femmes. Jusque-là, la doctrine chrétienne sur l’homosexualité féminine était très pauvre.

1791

A la Révolution française, l’homosexualité n’est plus condamnée ni passible de la peine de mort : le code pénal abandonne le crime de sodomie entre adultes consentants. Le dernier « bûcher de Sodome » s’est déroulé en 1750. Jean Diot et Bruno Lenoir, surpris par le guet, rue Montorgueil à Paris, ont été brûlés en place de Grève, actuelle place de l’Hôtel de ville de Paris.

1804

Apparition du code pénal Napoléon : la majorité sexuelle est fixée à 15 ans pour les hétérosexuel-le-s et à 18 ans pour les homosexuel-le-s. La dépénalisation de l’homosexualité, initiée à la Révolution française, est confirmée. Cela reste difficilement acceptable dans la société. La notion d’ « atteinte publique à la pudeur », présente dans le code, sera souvent utilisée pour réprimer l’homosexualité. Ainsi, la police, par le biais de la brigade des mœurs, assimile l’homosexualité à la délinquance et à la criminalité (surveillance et fichage des personnes soupçonnées ou réellement homosexuelles). C’est la brigade des mœurs (service de renseignements créé au XVIIIème siècle) qui utilise son réseau pour obtenir des informations compromettantes, même si la répression fait aussi partie de ses attributions.

1861

En Angleterre, la peine de mort est commuée en une peine de prison pouvant aller de dix ans à la perpétuité. A la suite de plusieurs scandales, la législation est modifiée en 1885. Désormais, « tout acte outrageant les mœurs » entre deux hommes est passible d’une peine de prison pouvant s’élever jusqu’à deux ans de travaux forcés. Au titre de cette loi, l’écrivain Oscar Wilde est condamné en 1895 pour délit d’homosexualité à deux ans de travaux forcés. En 1967, une réforme décriminalise les relations homosexuelles privées. Son champ d’action est limité à l’Angleterre et au pays de Galles et ne s’applique pas à l’armée et à la marine. Durant toute cette période, les rapports entre femmes ne sont pas condamnés car non reconnus.

1869

Le mot « homosexualité » apparaît pour la première fois dans un écrit anonyme, en allemand, afin de plaider pour l’abandon de l’article 143 du code pénal prussien, condamnant les relations sexuelles entre hommes. Le terme « hétérosexualité », inventé en 1923, définit une « passion sexuelle morbide pour une personne du sexe opposé » (définition médicale du dictionnaire Webster). Il ne sera définitivement opposé au terme « homosexualité » qu’en 1934.

1871

Le code pénal de l’Empire allemand criminalise les actes sexuels entre hommes pour « obscénité contre nature » (Paragraphe 175). Les homosexuels arrêtés sont passibles de peines de prison. Il peut également être prononcé la perte des droits civiques. La répression n’est pas la même selon les régions. Berlin jouit par exemple d’une réputation de tolérance même si la police possédait des listes d’homosexuels, utilisées plus tard par les nazis. A la suite de la réunification allemande, le paragraphe 175 fut définitivement aboli le 11 juin 1994.

1880

L’homosexualité est médicalisée en France, même si elle n’est pas juridiquement condamnée. Elle a le statut de maladie mentale et de perversion sexuelle. Vers 1880, le Pr Charcot décrit le premier cas français d’ « inversion du sens génital ». Pendant plus d’un siècle, pour la médecine française, l’homosexualité n’est jamais normale mais toujours maladive.

1920-1930

Magnus Hirschfeld, médecin-sexologue, crée à Berlin l’institut de sexologie, notamment axé sur l’étude de l’homosexualité. En France, apparait alors la notion de « vice » allemand (par comparaison au « vice italien » de la Renaissance). Parmi les écrivains de cette époque, André Gide fut victime de critiques homophobes à la suite de la publication de « Corydon » (1925). On l’accusa d’exhibition de sa vie privée et de prosélytisme. On notera que l’homosexuel prosélyte, comme l’homosexualité relevant uniquement de la sphère privée, sont deux arguments que l’on a pu retrouver récemment encore (voir lors des débats sur le PaCS).

1933-1945

De 5 000 à 15 000 personnes sont internées par le régime nazi dans des camps de concentration pour homosexualité. 3000 à 9000 n’ont pas survécu. Les hommes y portaient des triangles roses, les femmes des triangles noirs.

Sous le régime de Vichy, la loi du 6 août 1942 passe la majorité sexuelle à 21 ans pour tou-te-s (art.334). L’article précise qu’en dessous de 21 ans, les relations sont passibles de peines de prison et d’une amende pour qui « (…) satisfai(t) ses propres passions, comm(et) un ou plusieurs actes impudiques ou contre nature avec un mineur de son sexe âgé de moins de vingt et un ans». Cependant, contrairement à la légende, Vichy n’a pas envoyé les homosexuels à la mort (en France, les seuls homosexuels déportés sont des Alsaciens-Mosellans directement soumis à l’article 175 du Code pénal allemand entre 1940 et 1944). La famille nombreuse est valorisée. L’avortement est puni de la peine de mort.

L’ordonnance du 8 février 1945 (art.331-2) limite la condamnation pour acte contre nature aux personnes ayant des relations avec des personnes de même sexe de moins de 21 ans. Le délit concernant une relation sexuelle avec une personne de l’autre sexe de moins de 21 ans est abandonné. La majorité sexuelle est fixée à 15 ans pour les relations hétérosexuelles.

1954

Ancien séminariste et professeur de philosophie, André Baudry fonde la revue Arcadie. Il reçoit le soutien de quelques écrivains connus pour leur homosexualité comme Jean Cocteau ou Roger Peyrefitte. Son projet est de donner une vision digne et respectable de l’homosexualité. Il faut éviter de choquer par tous les moyens. D’ailleurs, au terme homosexuel, Baudry préfère celui d’homophile. La revue est cependant interdite à la vente et condamnée pour « outrage aux bonnes mœurs » en 1956. Avec les années, certains commencent à se dire que la voie de la respectabilité n’est peut-être pas la bonne. Cette tentation d’un discours plus radical émergera dans l’après 1968 avec entre autres le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire). Peu à peu, André Baudry sera dépassé à la fois par un milieu commercial de plus en plus sexué et en pleine expansion et un discours politique beaucoup plus contestataire. Il sera absent des mouvements qui conduiront à la dépénalisation.

1960

Le 18 juillet, adoption par l’Assemblée nationale de l’amendement Mirguet (du nom du député UNR de la Moselle qui en est l’auteur). Cet amendement classe l’homosexualité comme « fléau social » au même titre que la prostitution ou l’alcoolisme. Le gouvernement peut désormais recourir aux ordonnances pour toute mesure nécessaire contre l’homosexualité. Selon l’écrivain et journaliste Frédéric Martel, la violence symbolique de l’amendement Mirguet fut si forte que beaucoup d’homosexuels songèrent à quitter la France.

1968

L’homosexualité est classée comme maladie mentale, selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Contestation de la sexualité « normative » et amplification des mouvements féministes.

1969

Aux USA, les homosexuels sortent peu à peu d’une période très sombre. Entre le maccarthysme et le discours normatif d’une partie des psys, les années 1950/1960 sont vécues dans la douleur. Les bars homosexuels, même s’ils sont légalement tolérés depuis 1966, sont régulièrement victimes de descentes de police. Des fichiers homos sont constitués. Les clients subissent alors ce harcèlement devenu presque habituel. Le Stonewall Inn est un bar de Christopher Street dans le quartier de Greenwich Village à New York. Le soir du 27 juin, le bar connaît une nouvelle descente de police. Un mouvement de contestation de la part de la clientèle, rejointe par d’autres gays et lesbiennes, sera connu comme l’émeute de Stonewall. Elle durera trois jours. Cette contestation sera commémorée dès l’année suivante, à la même période, sous la forme d’une marche pacifiste, connue comme les futures Gay Pride (marches des fiertés) dans différents pays.

1971

Le 10 mars, l’émission de radio de Ménie Grégoire (RTL) intitulée « L’homosexualité, ce douloureux problème » est interrompue par des militant-e-s homosexuel-le-s. Création du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), issu d’un rapprochement entre des féministes lesbiennes et des activistes gays et, dans la foulée, des Gouines Rouges, premier groupe militant lesbien en France. A la suite du FHAR, des groupes essaiment dans les principales villes de France, sous l’appellation de GLH (Groupes de libération homosexuelle). Plus tard, en 1979, est fondé le CUARH (Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle).

1977

Première marche homosexuelle indépendante à Paris à l’appel du Mouvement de Libération des Femmes et du Groupe de Libération Homosexuelle) (cf 1971). Les femmes seront majoritaires dans cette marche qui réunit environ 400 personnes rassemblées derrière une banderole : « Phallocratie, moralité, virilité, y’en a marre ». Il n’y aura pas de marche l’année suivante. Il faudra attendre 1979 pour qu’une deuxième marche autonome soit organisée à Paris. Le FAHR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, cf 1971) participait depuis 1971 aux manifestations syndicales du 1er mai.

Pour beaucoup l’ensemble de ce vocable peut paraître obscur et ne facilite pas la connaissance de ces communautés bien souvent victimes de discriminations. Ces discriminations, nées de l’ignorance et des préjugés sont aussi le fruit d’un héritage historique en termes d’accès aux droits.