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En Ardèche, sur les hauteurs de Tournon-sur-Rhône, se cache un jardin merveilleux, il fait bon flâner dans ce lieu empreint de sérénité, parmi les buis centenaires, témoins silencieux des évènements qui façonnèrent l’histoire de la ville. C’est un havre de repos entre ciel et terre qui offre une vue exceptionnel sur les méandres du fleuve. C’est surtout un refuge pour son propriétaire. Les amateurs peuvent le visiter tout cet été.
Sur les hauteurs escarpées de la cité ardéchoise, le jardin d’Eden est bien à l’abri des regards, ceint de murs de pierre. Il est au cœur des anciens remparts de la ville de Tournon-sur-Rhône. C’est un petit arpent où les buis centenaires procurent ombre et fraîcheur au promeneur. Un petit coin de paradis loin de tumulte, presque suspendu au-dessus du Rhône. Dans ce jardin, nimbé de lumière où raisonne le bruit de l’eau, il règne une “paix absolue”. Seul le propriétaire des lieux, Eric Lelonge, semble s’activer autour des buissons et des plantations. Il n’en confie le soin à personne et a même banni l’arrosage automatique. Une tâche qu’il accomplit avec patience au petit jour et avec la régularité d’une horloge.
COMME LA LITTÉRATURE COSMOGONIQUE DE L’ANCIEN PROCHE ORIENT, LA LÉGENDE DE L’ÉDEN EST CONÇUE POUR SPÉCULER SUR LES ORIGINES DE L’HUMANITÉ ET SA PREMIÈRE RÉSIDENCE.
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Pour certaines de ces raisons, le concept de “jardin” d’un ou de plusieurs dieux était une métaphore très courante dans le Proche-Orient ancien de l’endroit où résidait le ou les dieux. Pour le narrateur de la Genèse, le “jardin d’Eden” fut construit de manière imaginaire dans un but étiologique (qui vise à expliquer l’origine ou la cause des choses); non pas en tant que résidence divine, mais pour le premier homme et la première femme sur terre- Adam et Ève. Comme cela est généralement accepté dans les études modernes, la Genèse 1-11 est qualifiée d'”histoire primitive”, qui comprend des mythologies et des légendes très répandues non seulement en Israël, mais aussi dans tout le Proche-Orient ancien. Ces mythes et légendes ne sont pas d’origines israélite mais furent adaptés par les auteurs bibliques à des fins polémiques ou rhétorique.
Le jardin d’Eden appartenait autrefois à des religieux. Comme pour avoir été le parc du monastère des Frères Cordeliers. La congrégation s’est installée ici en 1654. Quelques années après la Révolution, les moines ont laissé la place à un ordre féminin. En 1815, “La compagnie de Marie Notre Dame” s’installa à la place des Cordeliers. Les sœurs y demeurèrent jusqu’en 1954. Les trois dernières quittèrent le couvent pour se retirer non loin de Lyon.
“Je ne pense pas que l’Eglise se mettait sur des lieux anodins. Trois siècles de présence de l’Eglise ont laissé des traces”, assure-t-il. Et les traces de cette occupation spirituelle, on les découvre au détour des allées, en cheminant dans le jardin. Ce sont d’anciens oratoires autrefois dédiés au recueillement et à la prière, des statues de la vierge blanchies par le soleil, des crucifix patinés par le temps ou encore un bassin en croix abritant de respectables carpes Koï qui ont fait vœux de silence.
Certaines fontaines et de bassins ont été construits à la Renaissance, reprenant les codes de l’Antiquité et de ses Vénus profanes. Dans le jardin d’Eden, l’harmonie règne, le sacré et le profane cohabitent en bonne intelligence pour le plaisir du flâneur.
Mais ce jardin serait tombé dans l’oubli sans les efforts de son actuel propriétaire pour le ressusciter. Eric Lelong a acquis le parc en 2008. Depuis une dizaine d’années, il consacré énormément de temps et d’énergie à ce lieu. Eric a aussi planté de la vigne sur ce petit arpent du bon Dieu. La première cuvée est attendue pour septembre. C’est aussi une sorte de retour à la tradition. Ce coteau était autrefois occupé par des vignes, “probablement déjà au 17e siècle, du temps des moines”. Des pieds de syrah reprennent aujourd’hui leur droit sur ces terrasses.
C’est dans ce parc qu’Éric a rencontré sa compagne. Chacun traversait alors une épreuve. Ces deux âmes sœurs s’y sont retrouvées. Ils sont depuis très attachés au domaine et ont même décidé d’aménager un gîte dans l’ancien couvent pour accueillir les âmes en peine. Ils accueillent en priorité des personnes dans l’épreuve. “On avait envie de partager, d’offrir aux gens un espace où ils pourraient se ressourcer. Ce sont des gens parfois blessés par la vie,” explique Agnès, la compagne d’Éric . Et sur ces personnes, le jardin peut avoir les propriétés d’un baume apaisant. “On arrive parfois à échanger un peu avec ces personnes, mais ensuite, c’est le jardin qui les prend en charge”. Agnès et Eric envisagent de passer la main. Ils espèrent trouver un repreneur passionné, un nouvel amoureux de ce jardin d’Eden.
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