Dans notre société actuelle axée sur le culte de la performance, de la compétition et de la perfection, le stress s’infiltre insidieusement et crée des ravages souvent sous-estimés. Il s’agit d’un phénomène social qui mérite réflexion et la plus grande attention.

LE STRESS : FLÉAU D’UN MONDE MODERNE
« Le travail, c’est la santé! » disaient nos aïeux! Force est de constater que cet adage n’est peut-être pas tout à fait vrai. De nos jours, la société et le monde du travail soumettent l’individu à un niveau de stress inégalé. Les manifestations du stress sont omniprésentes, et ses conséquences, nombreuses. Le stress que l’on subit au quotidien relève essentiellement de nombreux phénomènes inhérents à la société d’aujourd’hui, ce qui comprend entre autres :
- une intensification du travail pour accroître les gains de productivité;
- la recherche constante de la perfection;
- le culte de la compétition;
- des difficultés à concilier le travail, la vie personnelle et la vie familiale;
- une transformation profonde des valeurs et des normes sociales.
Le stress concerne tous les groupes sociaux et toutes les classes d’âge. Personne n’y échappe vraiment. Toutefois, certains individus en subissent les conséquences plus fortement, selon leur contexte personnel, psychosocial, professionnel et de santé.
LES SOURCES DE STRESS
Pourquoi sommes-nous stressés? Le stress est une réaction normale de l’organisme face aux évènements de notre quotidien. Il existe plusieurs sources de stress et autant de façons d’y réagir. À la base, le stress constitue un moyen de défense de l’être humain ; il est toutefois important de ne pas le laisser nous envahir !
Le stress provient de différentes sources. Elles peuvent être de nature physique, psychologique, émotionnelle, sociale, etc. Il peut s’agir d’un événement heureux (mariage, naissance, voyage, etc.) ou malheureux (congédiement, divorce, perte d’un être cher, etc.). Le stimulus peut être mineur ou très important ainsi que passager ou chronique. Nous ne réagissons pas tous de la même façon aux sources de stress. Il est important d’identifier quels sont nos éléments déclencheurs de stress pour mieux y faire face.
LES MANIFESTATIONS DU STRESS
Notre organisme réagit lors qu’il fait face à des situations stressantes en libérant différentes hormones dont l’adrénaline. Dans sa phase initiale, le stress peut causer des symptômes tels que : palpitations, boule à la gorge, anxiété, angoisse, etc. Ces symptômes sont en général de courte durée. À la longue, le stress, s’il n’est pas maîtrisé, peut nuire au bien-être et à la santé. Les symptômes peuvent alors être de nature physique, émotionnelle, psychologique ou comportementale. Voici quelques exemples :
- troubles du sommeil;
- tensions musculaires;
- troubles digestifs;
- irritabilité;
- agitation;
- dépression;
- anxiété;
- épuisement professionnel (burnout);
- tendance à s’isoler;
- difficultés relationnelles;
- absentéisme au travail;
- réduction de la performance;
- perte d’estime de soi.
Outre ces effets observables à plus court terme, le stress contribue au développement de plusieurs maladies chroniques à long terme telles que les maladies cardiaques et vasculaires, de même que le cancer.
Le stress a donc des effets très négatifs. Pourtant, lorsqu’il est bien géré, le stress peut avoir ses bons côtés. Il peut être utile pour augmenter notre concentration, contribuer à notre créativité, augmenter notre productivité et développer de nouvelles habiletés. Pour cela, il faut apprendre à le maîtriser et à mieux le gérer.
COMMENT GÉRER LE STRESS?
Puisque nous réagissons tous différemment au stress, il n’y a pas une seule bonne manière de le gérer. Il faut trouver la méthode qui nous convient le mieux. Cependant, voici quelques pistes de solutions pour vous aider :
- Reconnaissez les évènements qui vous causent du stress. Soyez attentif aux symptômes de stress et prenez en note les types d’évènements qui vous affectent le plus.
- Cernez le problème. Quand vous identifiez le problème, il est plus facile d’y faire face.
- Parlez de vos problèmes à des personnes de confiance. En exprimant vos sentiments, vous diminuerez votre stress. N’hésitez pas à consulter un professionnel si vous en ressentez le besoin.
- Renseignez-vous sur les techniques de gestion du stress. Vous pouvez consulter un professionnel de la santé pour vous aider ou consulter des ouvrages sur le sujet.
- Diminuez les tensions grâce à l’activité physique.
- Parlez de vos difficultés à votre patron ou à vos collègues de travail. Peut-être pourront-ils vous aider à élaborer des stratégies pour réduire votre charge de stress ou de travail.
- Apprenez à déléguer et à établir des priorités.
- Soyez moins sévère envers vous-même.
Le stress est un mal qui s’installe dans notre société par de nombreux accès. Il se manifeste au bureau, à la maison, dans nos relations avec les autres. Le stress que nous vivons affecte également notre entourage. Prenons le temps de nous y attarder pour le bien de notre société, et le nôtre!
LE STRESS AU TRAVAIL, QU’EST-CE QUE C’EST?
Au travail, le stress se manifeste souvent quand on pense que les exigences d’une situation sont plus élevées que les ressources dont on dispose.³ Le parfait exemple est la surcharge de travail.
Un employé peut être stressé s’il doit accomplir de nombreuses tâches (exigence élevée) et qu’il considère qu’il n’a pas assez de temps pour les faire (ressource faible).
QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE LE STRESS ET L’ANXIÉTÉ?
On utilise souvent les termes stress et anxiété de façon équivalente, car les symptômes se ressemblent et les deux se manifestent souvent ensemble.
Le stress se concentre sur les pressions externes auxquelles on a du mal à faire face. L’anxiété porte sur l’inquiétude ou la peur des choses qui pourraient nous menacer.
En mettant l’individu au centre de tout, en prônant un individu, unique, responsable, autonome, notre société crée une source de stress complémentaire pour tous ceux qui ne sont pas en capacité d’assumer ce type de situation.
Nous entendons parlé d’individualisme, de post individualisme, de société construite autour de l’individu, d’individualité, de moi prépondérant, unique, décideur, acteur de sa vie, tout autant de responsabilités à assumer et qui sont sources de stress.
Des arrêts maladie de longue durée qui s’envolent
Les arrêts longs, de plus de trente jours, représentent 12 % des arrêts maladie en 2020, contre 9 % en 2019. Cette augmentation de trois points représente une augmentation de 33 %, souligne Malakoff Humanis. C’est le baromètre Absentéisme annuel du groupe de protection sociale qui sert en effet ici d’indicateur, basé sur un panel de 2008 salariés et 405 dirigeants du secteur privé.
Et Anne-Sophie Godon, directrice de l’innovation au sein du groupe a précisé au Parisien que “Seuls 6 % des arrêts courts (moins d’une semaine), ont pour motif déclaré le Covid. C’est peu et c’est loin d’être la première cause d’absentéisme sur les douze derniers mois“.
L’étude montre également que la durée moyenne des arrêts longs est de 94 jours. Quand près de la moitié des arrêts de plus d’un mois concernent des salariés de 50 ans et plus (contre un quart pour les 18-34 ans et un tiers pour les 35-49 ans).
Toutes durées confondues, les trois premiers motifs des arrêts maladie prescrits sont : la maladie ordinaire (29 %), les troubles musculosquelettiques (17 %) et les troubles psychologiques (15 %). Et la montée des risques psychosociaux est devenue le deuxième motif d’arrêts maladie en mai, après la Covid, apprend on par ce biais.
Pour mieux comprendre ce qui se passe, précisons qu’avant d’être l’ennemi public numéro un, le stress a été un facteur déterminant pour la survie de l’espèce. En stimulant certaines fonctions de notre organisme (rythme cardiaque, respiratoire, contractions musculaires…) et en inhibant d’autres, comme la digestion, il permet avant tout une grande libération d’énergie qui, en cas de danger imminent, permet de réagir immédiatement. C’est la fameuse réponse de “fuite ou combat”, bien utile aux temps les plus reculés de l’humanité.
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Ce dernier comporte deux mécanismes, l’un stimulant, qui met le corps en alerte, c’est le système orthosympathique, équilibré par le système parasympathique, modérateur, qui détend et calme l’organisme. En outre, le système nerveux autonome est en quelque sorte “doublé” par le système endocrinien (glandes surrénales, thyroïde, hypophyse, pancréas, …) où les messages d’incitation et de modération sont transmis non plus par influx nerveux, mais par des sécrétions hormonales (catécholamines : adrénaline et noradrénaline, acétylcholine…).
Le problème est que cette réponse archaïque n’est plus adaptée à nos conditions de vie actuelles. Ce que nous affrontons au quotidien (problèmes familiaux, professionnels, rythme de vie…) ne menace que rarement notre vie mais nous pousse plus à la négociation qu’au combat. D’où conflit inévitable entre notre cerveau archaïque, qui nous prépare à nous battre, alors que notre raison nous incite à nous calmer. Cette dernière l’emporte souvent mais n’a malheureusement pas toujours le pouvoir d’agir en amont, en arrêtant la cascade des hormones de stress. Elle arrive à réprimer le passage à l’acte, mais pas la production d’adrénaline. Cette énergie libérée et inemployée n’a souvent pas d’autre issue que de se retourner contre nous et de provoquer une série de symptômes pathologiques.
On ne peut plus ignorer le stress ou simplement le tolérer en attendant que la situation devienne moins exigeante. Les pressions ne disparaîtront pas : elles font partie de la vie quotidienne “normale”. Il faut maintenant apprendre à “gérer notre stress”.
Fort bien, mais comment gérer ce stress qui est pratiquement omniprésent dans notre vie moderne ? Pour certains, il suffit, pour y échapper, d’en supprimer les sources potentielles ; c’est bien entendu incompatible avec le contexte de vie socioprofessionnelle actuel. D’autres traitent chimiquement les symptômes du stress par la prise de médicaments psychotropes. Dans les cas d’urgence, la prise d’anxiolytiques, par exemple, peut être d’une aide momentanée très efficace mais il faut alors gérer les effets secondaires d’un médicament qui coûte cher à la société et qui cesse ses effets dès qu’on arrête de le prendre. La dépendance aux médicaments – et particulièrement aux psychotropes – est loin d’être un phénomène anodin dans nos sociétés modernes.
La meilleure approche, celle qui respecte le mieux l’écologie humaine, c’est l’acquisition de comportements psycho-physiologiques qui permettent soit de faire barrage à la pression du monde extérieur, soit de mieux répondre à cette pression.
Les techniques de détente constituent des outils thérapeutiques capables de contrecarrer plusieurs des processus biologiques liés au stress qui mènent à la maladie. Ces techniques sont également utiles pour réparer les dommages déjà causés à l’organisme par les stress répétés.
De nombreuses méthodes de relaxation ont été développées et il n’est pas de mon propos de les reprendre ici. Ces techniques ont toutes leurs avantages intrinsèques et sont généralement efficaces… si on continue à les appliquer.
Le problème se situe justement là : généralement apprises avec enthousiasme lors d’un séminaire, d’un cours, d’une formation ou par soi-même, ces techniques tombent souvent dans l’oubli après un temps relativement court si elles n’ont pas été intégrées dans l’économie psycho-physiologique de l’individu. En d’autres termes, il est nécessaire que la technique apprise acquière le statut de réflexe et que sa mise en œuvre soit initialisée, de façon régulière, par l’activité mentale inconsciente et non pas vécue comme un “devoir” ou une tâche fastidieuse.
On peut en effet affirmer que le principal obstacle à la gestion du stress consiste non dans l’apprentissage d’une méthode de détente ou de relaxation, mais plutôt dans l’intégration de celle-ci dans l’économie psycho-physiologique de l’individu.
Au niveau du système nerveux, l’intégration implique la création d’un réseau neuronal suffisamment efficace pour être facilement activé et fonctionner ensuite “en roue libre”, en produisant ses effets bénéfiques sur l’organisme.
Quelles sont les conditions nécessaires pour qu’un apprentissage s’intègre rapidement et avec succès dans le système psycho-physiologique de l’individu ?
Tout d’abord, la technique doit être simple à mettre en œuvre et ne pas exiger trop de temps (quelques minutes seulement). Il est évident que disposer d’une heure devant soi pour faire une séance de yoga dans le calme est extrêmement bénéfique pour l’organisme, mais qui peut se permettre d’inclure une séance de yoga dans sa journée de travail ? Par contre, il est à la portée de chacun – dans le train, à l’atelier, devant son ordinateur ou au volant de sa voiture dans un embouteillage – de pratiquer quelques minutes une respiration amplifiée, associée à de la visualisation.
Il faut ensuite qu’une sensation de bien-être soit immédiatement perçue pendant l’exercice. Le ressenti de bien-être sera alors inscrit dans ce qu’il est convenu d’appeler la mémoire d’état de l’organisme.
La technique doit également être pratiquée au moins une fois par jour, durant une période de repos des rythmes ultradiens. Les rythmes ultradiens, tels que décrits par Ernest Rossi, sont la succession continue de périodes d’activité biologique de l’organisme – de 90 à 120 minutes – suivies chaque fois d’une période de repos d’activité biologique – de 20 minutes environ -. Nous pouvons tous repérer dans notre journée des moments où nous sommes très actifs, suivis de périodes où nous ressentons le besoin de relâcher notre attention, de nous étirer, de nous laisser aller à la rêverie, voire de dormir. C’est un moment idéal pour pratiquer la technique et la mettre en phase avec nos rythmes biologiques.
Ensuite, il faut établir un pont entre l’inconscient et le conscient. La respiration est le seul mécanisme biologique qui soit à la fois automatique (inconscient) et volontaire (conscient). Le stress fait s’accélérer la respiration et la rend superficielle ; par contre, lorsqu’on la ralentit consciemment et qu’on la rend plus profonde, tout le métabolisme est affecté positivement. C’est pourquoi la respiration est l’élément de base de pratiquement toute technique de relaxation. C’est aussi la voie royale pour établir le lien entre les pensées conscientes et l’inconscient, et c’est justement l’inconscient qui préside majoritairement à notre comportement quotidien.
Le stress, phénomène de société, a pris une telle ampleur qu’aujourd’hui plus personne ni plus aucune institution ne peut le négliger, sous peine de souffrir de graves dysfonctionnements.
Les sources de stress sont multiples mais la réponse de l’organisme doit toujours rester la même : maintenir l’équilibre psycho-physiologique face à la pression extérieure. Par une pratique quotidienne de gestion du stress, qui soit à la fois facile, adaptable à toutes les situations de vie et qui ne demande que quelques minutes à chaque fois, il nous est possible à tous et à toutes d’appréhender le stress de cette vie avec beaucoup moins de peur et plus de bien-être, tant physique que mental.
2 thoughts on “Stress et santé : le rôle de la personnalité un enjeu de société”
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