
À l’occasion de la diffusion de “Vox Lux”, de Brady Corbet, sur Ciné+ Émotion ce jeudi 19 novembre, retour sur les engagements de Natalie Portman. Une actrice féministe, aussi exigeante dans le choix de ses rôles que dans ses soutiens politiques.
À la dernière cérémonie des Oscars, Natalie Portman foulait le tapis rouge vêtue d’une longue cape noire de sorcière chic. Tout le long du revers, elle avait fait broder au fil doré des noms de réalisatrices : Greta Gerwig, Céline Sciamma, Mati Diop… Un discret mélange de glamour et d’engagement féministe, parfaitement assorti à la carrière de l’actrice israélo-américaine. Depuis toujours, elle porte avec grâce presque autant de causes politiques que de rôles, du plus exigeant au plus populaire, en se préservant des excès corrosifs de Hollywood.
Sa beauté délicate, presque elfique, elle en a connu très tôt le pouvoir et les dangers. En 1993, à l’âge de 12 ans, elle devient Mathilda, la petite protégée d’un tueur à gages (Jean Reno), dans Léon, de Luc Besson. Premier rôle, déjà culte : cette gamine perdue mais ravissante, clope au bec et charisme de lolita, lui attire d’emblée une attention bien trop adulte. Voire pire. Le premier courrier de fan que l’adolescente reçoit décrit un fantasme de viol. À la radio, elle entend un animateur faire le décompte des jours avant sa majorité, « l’âge où il serait légal de coucher avec [elle] ». Ces anecdotes douloureuses, elle les a partagées lors d’un discours pendant la Marche des femmes à Los Angeles, pointant même un « environnement de terrorisme sexuel » au sujet de sa carrière naissante.
“Un compte à rebours a commencé à la station de radio locale pour indiquer quand j’aurais 18 ans, le jour où il serait légal de coucher avec moi, a aussi confié l’actrice. Les critiques parlaient de mes seins naissants dans leurs articles.”
“Une révolution du désir”
Face à cette attitude, l’actrice a décidé de “rejeter tous les rôles avec une scène de baiser” et a mis en avant son “côté sérieux” dans les interviews, afin que “[son] corps soit protégé”. Appelant à “une révolution du désir”, Natalie Portman a aussi galvanisé les manifestants à Los Angeles en soulignant que “l’an dernier, nous parlions du début d’une révolution (…) Aujourd’hui, grâce à vous, la révolution est en marche !”
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Ma première lettre de fan, « un viol fantasmé »
« Toute excitée, j’ai ouvert ma première lettre de fan, et c’était un viol fantasmé qu’un homme m’avait écrit », confie l’actrice, aujourd’hui âgée de 36 ans. Ce n’est pas tout. « Un compte à rebours a commencé à la station de radio locale pour indiquer quand j’aurais 18 ans, le jour où il serait légal de coucher avec moi. Les critiques parlaient de mes seins naissants dans leurs articles », raconte-t-elle.
« Je me suis imposée de contrôler mon comportement »
« Face à ces petits commentaires sur mon corps, face à des déclarations délibérées et menaçantes, je me suis imposée de contrôler mon comportement dans un environnement de terrorisme sexuel », poursuit-elle.
La jeune actrice a refusé « les films avec des scènes de baiser » et a senti le besoin de couvrir son corps. Dans les interviews, « je mettais en valeur mon côté rat de bibliothèque et combien j’étais sérieuse. Je faisais attention à être élégante », ajoute-t-elle. Elle s’est forgé ainsi l’image d’une jeune fille « prude, conservatrice, geek et sérieuse ».
« Je voulais sentir que mon corps était en sécurité, et que ma voix serait écoutée. À 13 ans, le message que portait notre culture était clair », a conclu au micro Natalie Portman.
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