Mon engagement en tant que éditrice en chef et militante, au sein des luttes féministes et transpédégouines, le fait, pour un homme ou pour une femme, de ne pas se reconnaître dans son sexe d'origine, et la volonté d'être reconnu(e) dans le sexe opposé, n'est plus considéré comme une maladie.

Les vieilles théories sur la transidentité sont en train de voler en éclats. Et le renouveau de la pensée “trans” n’est pas sans rappeler certains combats féministes. Disposer de son corps, par exemple, ou construire son identité : féminine, masculine, voire au-delà des catégories binaires.
Le fait, pour un homme ou pour une femme, de ne pas se reconnaître dans son sexe d’origine, et la volonté d’être reconnu(e) dans le sexe opposé, n’est plus considéré comme une maladie. Se dessine un nouvel horizon intellectuel dans lequel les personnes “trans” ne seraient plus soumises au pouvoir médical, mais deviendraient acteurs et actrices de leur propre devenir. C’est ce que propose Françoise Sironi dans son ouvrage intitulé Psychologie(s) des transsexuels et des transgenres.
Le titre pourrait effrayer. Il donne l’impression d’assigner un certain type de comportement aux personnes transsexuelles (qui recourent en général à la chirurgie pour une “réassignation” de sexe, avant le changement d’état civil) et aux personnes transgenres (celles-ci ne souhaitent pas forcément basculer dans l’autre sexe, mais revendiquent le droit de construire leur propre identité, avec ou sans hormones).
Mais l’intérêt de l’ouvrage est ailleurs. Maître de conférences en psychologie clinique et en psychopathologie à l’université Paris-VIII, Françoise Sironi fait part d’une expérience menée de 1996 à 2003, lorsqu’elle a créé avec des collègues un groupe de recherche et une consultation psychologique destinée aux personnes “trans “, au centre Georges-Devereux, alors situé au sein de Paris-VIII. Ce travail, qui dure encore, consiste à suivre des personnes “trans” – et homosexuelles – qui ont pu être maltraitées par le pouvoir médical dans le passé. “Défaire ces blessures, atténuer ces colères induites, fait alors partie du travail thérapeutique”, souligne Françoise Sironi. La psychiatre Colette Chiland figure parmi les praticiens visés – son ouvrage, si contesté dans le milieu “trans”, Changer de sexe, paru en 1997, vient d’être réédité et surtout revu et corrigé (Odile Jacob, 350 p., 24,90 €).
Cette “recherche-action”, comme la nomme Françoise Sironi, fait référence aux travaux des philosophes Gilles Deleuze, Félix Guattari et Michel Foucault sur les savoirs dominants et les savoirs assujettis : les personnes “trans” se retrouvent en position d’expert au même titre que le thérapeute. Ce dernierdevient un “passeur de mondes et un être de frontières, capable de se “déformer” sans jamais se diluer dans l’autre”. Loin d’être un phénomène marginal, les transidentités sont donc un “paradigme” qui nous permet de mieux comprendre “les nouvelles constructions identitaires” du monde contemporain : “les métis culturels, les migrants planétaires, les familles recomposées, les homoparentalités et les transparentalités, les adoptions internationales”.
Il s’agit, au final, de “libérer le genre de ses carcans normatifs”. Ce combat rejoint l’actualité, depuis le mariage “trans” célébré le 4 juin, à Nancy, entre une femme biologique et sa compagne, possédant un état civil masculin mais se vivant comme femme, jusqu’au débat sur l’enseignement du genre au lycée : le thème “devenir homme ou femme” est désormais inscrit au programme de classes de première (L et ES). L’ancienne députée Christine Boutin s’en est offusquée auprès du ministre de l’éducation nationale, dans une lettre ouverte datée du 31 mai, suscitant aussitôt une pétition de chercheurs et d’universitaires.
Comme tous les autres êtres humains, les personnes trans contribuent au bon fonctionnement de la société. Elles font d’ailleurs partie de différentes sphères sociales et institutionnelles : Elles sont des avocat·es, des enseignant·es, entrepreneur·es, parents, étudiant·es, policier·ères, etc. Les personnes trans proviennent de diff érentes classes sociales et économiques, différents milieux de vie et milieux socioculturels. Ces personnes peuvent s’identifier comme hétérosexuelles, lesbiennes, bisexuelles, pansexuelles, etc. Le mot d’ordre est la diversité, comme dans la population générale. Ce qui peut les rendre uniques ou les distinguer des autres personnes est leur transidentité, que nous tenons à célébrer à travers les pages de ce guide.
Être transidentitaire se vit généralement comme le sentiment persistant que son genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance. Ce sentiment peut engendrer une grande détresse psychologique et cette détresse est généralement aggravée par les différents systèmes d’oppression et de discrimination présents en société. L’intersectionnalité des oppressions ainsi que les différentes formes de violence vécues par les personnes transidentitaires ont une grande influence sur leur bien-être et leur développement personnel. Dans le présent guide, vous trouverez tout ce que vous devez savoir (ou presque !) par rapport aux enjeux vécus par cette communauté, afin de pouvoir mieux intervenir auprès de ces personnes.

Médical pour professionnel
Tout comme vos autres patient.es, les personnes transidentitaires requerront votre attention sur les autres aspects de leur vie, tels que la dépression, l’itinérance, les expériences sexuelles et la pratique du sécurisexe, leur religion et croyance, leurs expériences de discrimination et d’harcèlement, si iels sont fumeurs ou veulent quitter l’utilisation de cigarettes, les drogues et alcool, leurs cercles sociaux et familiaux, la grossesse, les étapes de leur transition( hormones, chirurgies, changement de nom et mention de sexe,…).
Soyez sensibles à leurs besoins, iels sont humain.e.s au même titre que vos autres patient.es et leurs problématiques de vie ne sont pas en soit différentes des autres. Soyez à l’écoute !
N’oubliez pas que vous êtes tenu.es au secret professionnel. Vous ne devez donc jamais révéler l’identité d’un.e patient.e trans à qui que ce soit, ni son morinom (ancien prénom utilisé), ni sa mention de sexe actuelle ou son sexe assigné à la naissance. Cela serait un bris du lien de confiance que vous devez établir, une révélation des informations personnelles de votre patient.e ainsi qu’une révélation sur un aspect médical de sa condition, ce qui enfreindrait le code de déontologie qui régit votre profession, la loi médicale et la loi des services de santé et services sociaux.
De graves sanctions disciplinaires pourraient vous être appliquées, dont la perte de votre licence de pratique et la radiation de votre ordre professionnel. Prenez note que des plaintes à la Com mission des droits de la personne et de la protection de la jeunesse peuvent être faites.
Montréal
Régions à l’extérieur de montréal
Ressources et références
Centres de crise / lignes d’écoute d’urgence (Montréal)
Défense des droits / information juridique
En cas d’arrestation
Hébergement d’urgence pour les hommes trans, personnes transmasculines ou non-binaires
Hébergement pour les jeunes Trans et non-binaires
Chez Pops (le Bunker) – Dans
la rue (Montréal)
533, rue Ontario Est, #450
http://www.danslarue.org
514 526-5222
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[…] Je t’invite à lire également “les 5 besoins fondamentaux à connaitre” […]
[…] faire attention à ce qu’ils mangent, à avoir d’autres envies, à vouloir plus d’espace, de nature. Mais aussi de se reconnecter à la vie en eux-mêmes, avant de se reconnecter à la vie autour […]