
Parce dans le milieu de la musique la place des femmes reste à conquérir, elles ont créé leur propre label féministe Black lilith records à Rennes. Son premier album vient de sortir.
« On a une place à prendre en tant que femmes artistes, féministes et queer. Notre premier album est à 98 % écrit, réalisé et dirigé par des femmes ». Lunettes fumées sur le nez dès le matin, sa moto garée devant son bar, « la part des Anges » rue Saint-Melaine à Rennes, Orane Gueneau se marre. « J’ai investi l’argent qui me restait du bar dans ce premier album. Le bar est fermé, on ne pourra pas faire de concerts pour accompagner sa sortie, mais j’ai zéro trouille. Au pire, on crée la surprise ! »
Déjà trois autres albums dans les cartons
En quelques semaines à peine, elle a donc monté le label « queer, féministe et anti-raciste » Black Lilith Records qui sortira le 18 décembre son premier album en vinyle et en version numérique. On y retrouve une dizaine d’artistes rennaises, dont beaucoup de ses clientes, avec des titres souvent engagés mélangeant le hip-hop, l’électro ou la trap.
Léa fait partie de l’aventure avec trois titres présents sur la compilation. « C’est compliqué de se lancer seule dans la musique, témoigne la jeune femme. Mais ce label nous a permis de nous fédérer et de créer une vraie dynamique ».
Le résultat est bluffant. Hélène Bertrand comédienne et metteuse en scène écrit ainsi le titre « Walk strait » réalisé avec la compositrice trans The bridge, qui raconte l’histoire d’une femme qui marche seule dans la rue la nuit et de sa peur. « Une expérience que toutes les femmes ont vécu » qui deviendra le titre phare de l’album. Contacté, Sébastien du label rennais Beast record lance Orane au défi. « Tu n’as qu’à produire tes musiques toi -même ! »
Les femmes artistes qui se sont souvent vues fermer les portes du monde de la musique, décident de créer Black Lilith records, label féministe, trans et antiraciste. « A part Claire (Ava) qui est chanteuse lyrique, la plupart sont artistes mais débutent en tant que musicienne. Mais on a été hyperexigeantes : on voulait des titres qu’on puisse passer à la radio. » Pari gagné puisque, « Amazone » titre militant de Roxane, sur un couple de femmes harcelé par un dragueur lourd, est déjà programmé sur France Inter.
Novice dans la musique, Orane Guéneau ne compte pas en effet se contenter d’un « one-shot ». « J’ai déjà de quoi faire trois albums et on prépare déjà des concerts », assure la patronne de bar, qui a très envie aussi de produire des artistes trans. « C’est très difficile pour elles car elles sont souvent timides et n’ont pas confiance en elles », témoigne la boss, bien décidée à faire entendre la voix son label dans l’industrie musicale. « On n’a rien à perdre de toute façon car personne ne nous attend ! ».