Comment les entreprises peuvent accompagner et aider l’intégration des personnes transgenres au sein des équipes ? Pénètrent petit à petit au sein des entreprises. Les grands groupes prennent les devants, parfois plus rapidement que le reste de la société.

La transidentité, c’est quoi ?
On parle de personnes transgenres ou trans pour nommer les personnes qui ne se sentent pas en accord avec l’identité de genre attribuée à leur naissance. Dans la majorité des cas, on attribue le genre d’une personne selon son sexe biologique. Par exemple, une personne née avec un sexe masculin sera considérée comme appartenant au genre masculin. Les personnes transgenres ont, elles, un sentiment intense de discordance avec l’identité de genre attribuée, c’est ce qu’on appelle la dysphorie de genre. Une situation qu’a connue notre intervenante, Laure Delahaye, une femme transgenre née garçon. Les personnes trans ont le choix de suivre ou de ne pas suivre des traitements médicaux ou des interventions chirurgicales pour faire coïncider leur identité de genre avec leur sexe biologique. « Il y a autant de transitions que de personnes trans, il y a des personnes qui vont jusqu’aux opérations, d’autres qui ne font aucune opération, ça dépend » nous précise Laure Delahaye.
Orientation sexuelle et transidentité
Le genre se différencie de l’orientation sexuelle. Quand on parle de préférences ou d’attirances sexuelles, on décrit une orientation sexuelle. Et il en existe plusieurs : l’hétérosexualité (une personne est attirée par une personne du sexe opposée), l’homosexualité, (une personne homosexuelle est attirée par une personne du même sexe), la bisexualité (une personne est attirée par les deux sexes) ou encore l’asexualité (une personne asexuelle n’éprouve d’attirance pour l’autre).
Le genre va quant à lui définir notre identité personnelle, celle à laquelle on se sent appartenir. On parle de cisgenre lorsqu’on se sent appartenir au genre attribué à notre naissance selon notre sexe biologique, de transgenre lorsqu’il y a un profond désaccord avec le genre assigné et de non-binaire lorsqu’on se sent ni homme ni femme.
Même si l’identité et les orientations sexuelles relèvent de l’intime, il arrive que ces questions soient abordées dans un cadre professionnel. Laure Delahaye est une femme trans lesbienne et a déjà vécu des situations de travail complexes à gérer. Elle raconte cette anecdote où l’un de ses supérieurs lui propose de porter des chaussures en adéquation avec son orientation sexuelle, “ donc il me faut des chaussures avec le drapeau lesbien sur le côté ? “ s’interroge -t-elle.
Les difficultés en entreprise
Discriminations, moqueries, mauvaise utilisation du genre, il existe de nombreuses difficultés pour les personnes trans en entreprise. Les marques de rejet, de harcèlement ou de violences envers les personnes trans peuvent être bien réelles au travail. En France, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne sont punies par la loi. La transphobie est un délit passible de sanctions pénales. Les personnes transgenres sont protégées par le Code pénal, le Code du travail, ou la loi portant droits et obligations des fonctionnaires.
Laure Delahaye rappelle les étapes à suivre si l’on est face à de la discrimination au travail “ le mieux à faire, c’est de se rapprocher des RH. Si les RH ne sont pas du tout alertées sur les sujets LGBT, inclusion, etc., il faut alors se rapprocher des associations qui pourront rappeler la loi et que les discriminations sont condamnables.”

Accompagner les transgenres en entreprise
Pour accompagner les personnes trans en entreprise, il existe des associations, comme L’Autre Cercle qui œuvre à l’inclusion des personnes LGB. En partenariat avec l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), l’association à publier un petit guide à destination des managers et RH. Un document qui compile les bonnes pratiques et aide les responsables à trouver des éléments de réponses à des questions comme « Comment éviter les tabous sur la transidentité en entreprise et aborder ce sujet de manière professionnelle ? » ou « Comment permettre à une personne dans mon équipe de vivre sa transition sans s’éloigner du collectif de travail ? » ou encore « Comment l’entreprise peut-elle accompagner une personne en transition tout en répondant aux impératifs économiques et légaux ? ».
« Autre chose que les entreprises peuvent faire c’est mettre un surnom sur la fiche de paie » conseille Laure Delahaye. « Pouvoir changer le prénom de la personne sans la nouvelle carte d’identité, c’est possible. C’est à ne pas négliger » ajoute-t-elle.
Comment être un bon allié
« Pour être un bon allié, il faut être à l’écoute » déclare Laure Delahaye. Pour accompagner sereinement une personne trans au sein d’une entreprise, plusieurs maladresses peuvent être évitées. Un exemple simple selon elle : « Il faut éviter de mégenrer la personne », c’est-à-dire utiliser le mauvais pronom (il/elle) pour s’adresser ou nommer son ou sa collègue. Les entreprises ont leur rôle à jouer sur ce sujet et il existe des exemples de transition réussies. Une bienveillance qui peut retentir bien au-delà du cercle des employés et attirer de nouveaux talents. « On avance beaucoup sur la question, c’est super. Beaucoup d’entreprises développent leur politique Diversity, Equity, Inclusion. On va vers quelque chose de plus inclusif en entreprise et même dans la société, donc il ne faut pas baisser les bras. Jamais » conclut Laure Delahaye.