Les avant-gardes en art ne sont-elles pas misogynes ? Censées être le lieu de toutes les libertés, de toutes les ouvertures, n'occultent-elles pas, elles aussi, en toute bonne conscience, la contribution des femmes ?
Si la pratique artistique féminine a toujours été riche et abondante en France, l’opposition des institutions l’a longtemps cantonnée à un rôle subalterne, montre Marie-Jo Bonnet. Tout a-t-il changé avec le XXe siècle, alors que tout semblait éclater ? Certainement pas. Bref, êtres sensibles et délicats, les femmes seraient toujours bornées aux arts mineurs, à la méconnaissance, à la simple exposition narcissique.
Alors qu’Annette Messager a été choisie pour représenter la France à la biennale de Venise, où en est-on ? Peut-on encore soutenir que, si les femmes sont moins bien considérées en art, c’est parce que leurs œuvres seraient de moindre valeur que celles des hommes ?
Un ouvrage polémique qui montre la persistance des clichés et des conformismes sexistes dans le milieu de l’art contemporain.
LES OEUVRES DE MARIE-JO BONNET
Les femmes artistes dans les avant-gardes
Marie-Jo Bonnet O. Jacob, 2006
Si leurs homologues masculins sont plus régulièrement cités, les femmes sont nombreuses à s’être fait une place de choix dans le monde de l’art, que ce soit en URSS ou en Russie contemporaine et impériale.
La seule des Amazones de l’avant-garde qui a réussi à inventer son propre courant moderniste – le tsvetopis. Comme de nombreux artistes d’avant-garde, Rozanova a beaucoup expérimenté dans de nouvelles directions avant de trouver sa voie. Elle était futuriste et, avec son amant, le poète Alexander Kroutchenykh, elle a créé un livre futuriste où le texte et les images se fondaient en un tout. Leur travail le plus célèbre était l’album en noir et blanc Guerre. Elle a brièvement rejoint le groupe Supremus de Kazimir Malevitch.
En 1917, elle a réalisé ses chefs-d’œuvre La Raie verte et Composition sans objet, qui ont anticipé de plusieurs décennies l’expressionnisme abstrait de Mark Rothko et Barnett Newman.
Varvara Stepanova
Épouse et alliée de l’avant-gardiste Alexander Rodtchenko, Stepanova est à l’origine du constructivisme. En 1921, elle quitte la peinture, déclarée « constructiviste bourgeoise », orientant son talent vers « l’art utile » – le design. Elle est devenue l’un des inventeurs du vêtement industriel, le basant sur un seul modèle qui changeait en fonction des exigences professionnelles.
Au début des années 20, avec Lioubov Popova, elle a travaillé à l’usine Sitsezabivnoï, où elle a mis au point des ornements pour les tissus dans l’esprit de l’avant-garde.
>>> Diana Unlimited Faunes Et Femmes Magazine
Alexandra Exter
Un des premiers artistes femmes russes, Alexandra Exter s’est tournée vers la peinture abstraite. Elle découvre le cubisme l’année de son apparition, en 1907, lors d’une visite à Paris où elle rencontre Picasso, Braque et Apollinaire. Passée par le cubisme, elle est cependant devenue célèbre pour ses paysages urbains dans le style du cubo-futurisme avec ses vues de l’Italie.
En 1916, elle se tourne vers la peinture sans objet, qui se distingue par une couleur et une dynamique particulières. Elle a créé de brillants projets au théâtre de chambre de Moscou, transférant le cubisme sur la scène.
Zinaïda Serebriakova
Dans son art, on dénote de forts échos du modernisme. Les héroïnes de ses portraits sont l’incarnation de la beauté et de la poésie de l’âge d’argent. Romantiques et sereines, elles semblent vivre en dehors des tempêtes de la vie, dans un monde de féminité éternelle, où le rugissement des révolutions et des guerres n’arrive pas. Cependant, l’artiste elle-même a subi l’histoire de plein fouet. Après la révolution, son mari est décédé. Serebriakova et ses quatre enfants sont restés sans argent. Quand elle est partie à Paris au milieu des années 1920, deux de ses enfants sont restés en URSS.
Les œuvres les plus célèbres de Serebriakova sont Autoportrait pendant la toilette, ainsi que Blanchiment de la toile du cycle paysan.
Aïdan Salakhova
La principale odalisque de l’art russe moderne explore le destin des femmes de l’Est dans le monde moderne. Son art brille de la tension qui apparaît à la croisée de l’Est et de l’Ouest, de la tradition et de la modernité, de l’éternité et du momentané. Ses beautés orientales évoluent dans le monde du bonheur et de la tentation, cachant une sexualité explosive derrière leurs voiles.
Dernièrement, Salakhova a quitté la peinture pour la sculpture, découpant dans le marbre les symboles de son univers artistique – minarets-phallus et vagins-kaabas.
À ne pas manquer