Cyril Dion : pourquoi vous devez absolument voir le documentaire “Animal” nominé aux César ?

Nominé dans la catégorie “Meilleur film Documentaire” aux César 2022, “Animal” promet un bouleversement émotionnel et intellectuel. Coup de projecteur. 

Cyril Dion : pourquoi vous devez absolument voir le documentaire “Animal” nominé aux César ?
@Presse / Cyril Dion : pourquoi vous devez absolument voir le documentaire “Animal” nominé aux César ?

Six ans après “Demain”, le film co-créé avec Mélanie Laurent, Cyril Dion nous propose un nouveau regard sur la crise climatique via son film “Animal”. Emmené par deux adolescents de 16 ans, Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran, il nous plonge dans un voyage aussi poignant qu’enrichissant, à la rencontre d’hommes (et d’animaux) des quatres coins du monde, qui soulèvent les problèmes d’hier et d’aujourd’hui tout en proposant des solutions pour demain. Une immersion captivante au cœur du vivant, duquel, comme nous le rappelle chaque étape de ce périple, l’homme s’est progressivement détaché. Alors que sa protection est tout simplement essentielle à la sauvegarde de l’humanité et de la planète. Un message porté haut et fort par Cyril Dion, qui a partagé avec Vogue les découvertes que promettent le film, son casting atypique, ou encore la réelle source de la crise climatique actuelle selon lui. Rencontre. 

Cyril Dion : pourquoi vous devez absolument voir le documentaire “Animal” nominé aux César ?
@Presse / Cyril Dion : pourquoi vous devez absolument voir le documentaire “Animal” nominé aux César ?

Cyril Dion nous parle de son documentaire “Animal”

Diana Unlimited. Quel a été le point de départ à la réalisation du film “Animal” ?

Cyril Dion. Walter Bouvais, tout d’abord, le co-auteur d’”Animal” qui est aussi journaliste, m’a proposé de faire un film sur l’extinction de masse. On parle beaucoup du changement climatique mais peu de la disparition des espèces. Hors, c’est le deuxième grand sujet écologique. Mais aussi ma rencontre avec des jeunes depuis le mois de novembre 2018, lorsqu’ils se sont mis à faire les grèves pour le climat. J’ai pris conscience qu’ils étaient plongés dans une anxiété terrible. Étant moi-même un grand anxieux, je me suis dit qu’il n’était pas possible de les laisser dans cette situation. Il faut les mener vers des trajectoires sur lesquelles ils retrouvent de l’espoir et un futur possible. J’ai donc eu envie d’en emmener deux dans un voyage qui est à la fois géographique et initiatique pour comprendre pourquoi on en est arrivé là, d’un côté, et ce qu’on peut faire, de l’autre. Et, finalement, à quoi le futur pourrait ressembler si on l’envisageait différemment.

C’était une volonté de caster deux profils très différents, entre Bella qui est connectée aux animaux depuis toujours et Vipulan qui a grandi en ville ?

Oui, je voulais qu’ils soient de milieux sociaux distincts, de sexe différent et qu’ils se complètent. Vipulan est très cérébral, très scientifique, très urbain. Il touchait les animaux du bout des doigts au début. Bella est beaucoup plus “sauvage”, elle a un côté plus fonceur. Elle a envie d’aller au contact à la fois des animaux et du monde sauvage, de la nature.

À la fin du film, Bella dit qu’elle pensait en apprendre davantage sur les animaux mais qu’elle en a finalement appris plus sur les humains. Était-ce le but premier du film ?

Le but était de leur faire vivre une expérience transformatrice. Je n’avais pas d’objectif précis. J’avais envie de leur faire découvrir de nouvelles perspectives et d’observer le résultat. C’était une sorte de pari. On a eu de la chance que ça marche. Que l’un et l’autre soient suffisamment bouleversés, suffisamment remis en question pour être un peu différent à la fin. Le but, évidemment, est que les spectateurs fassent leur propre voyage et qu’ils se transforment, eux aussi.

Pourquoi avoir choisi Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran pour mener ce voyage ?

Je les ai rencontrés, ils m’ont plu, ils m’ont touché. Ils étaient très complémentaires. J’ai croisé le chemin de Vipulan dans une grève pour le climat, la première fois que Greta Thunberg venait à Paris. Bella, je l’ai trouvée sur Twitter. Je suis tombé sur un tweet d’elle qui avait été retweeté des milliers de fois et je me suis demandé qui était cette jeune fille. J’ai alors découvert qu’elle était très engagée sur les causes de protection des animaux sauvages et pas uniquement le climat. Elle me paraissait donc être une bonne candidate pour ce film. Lorsque je l’ai rencontrée, cela a été une évidence. J’ai vu qu’elle était à la fois extrêmement brillante, très mûre, remplie d’humour et de distance… Tout en ayant une sorte de profondeur et de gravité.

Avez-vous le sentiment que la situation pandémique va accélérer cette envie de reconnexion avec le vivant ?

Toutes les crises que l’on vit, que ce soit des crises positives ou négatives, ont tendance à nous reconnecter au vivant. On l’observe avec les nouveaux parents. Tout d’un coup, ils changent de priorité, ils se mettent à faire attention à ce qu’ils mangent, à avoir d’autres envies, à vouloir plus d’espace, de nature. Mais aussi de se reconnecter à la vie en eux-mêmes, avant de se reconnecter à la vie autour d’eux. C’est exactement la visée de ce film : nous mettre dans cet état de sensibilité, durant lequel on traverse des émotions qui nous font aborder les choses sous une autre perspective.


“Le cœur de la crise écologique réside dans le fait de s’être dissocié du reste du monde vivant.”

Quels enseignements, puisés auprès des différents intervenants du film, vont ont particulièrement marqués ?

On a appris plein de choses que l’on ignorait sur le monde vivant. Par exemple, quand Nicolas Vereecken nous signale que de mettre des ruches partout pour sauver les abeilles est absurde, non seulement on ne le savait pas, mais j’en avais en plus fait la promotion dans le film “Demain”. C’était donc un petit bouleversement de nos croyances sur le sujet. Pareil avec Dino Martins au Kenya, qui nous apprend qu’en l’absence des fourmis, il n’y aurait pas tout ce que l’on peut voir dans la savane. Ce sont elles, en effet, qui vont recycler les graines et qui vont permettre aux végétaux de se disséminer pour nourrir ensuite les herbivores et les carnivores. Enfin, ce qui a nous beaucoup bouleversé avec Bella et Vipulan, c’est la rencontre avec Baptiste Morizot, qui clame que le cœur de la crise écologique réside dans le fait de s’être dissocié – ou en tout cas de s’être donné l’illusion qu’on pouvait le faire – du reste du monde vivant. Le but était donc de se “réensauvager”, de se “réenchasser” dans le monde vivant… D’accepter d’être un vivant parmi les vivants, en somme. Cela a été une sacrée révolution copernicienne dans nos têtes.

Et en apprenons-nous finalement plus sur l’humain que sur l’animal ?

Baptiste Morizot dit que ce que l’on vit est une “crise de la sensibilité”. C’est à dire qu’une sorte d’insensibilité nous a gagnés, à la fois vers les êtres vivants humains et non humains. On a du mal à avoir de l’empathie pour certaines personnes qui sont dans des situations souvent tragiques, comme l’éleveur de lapins qui apparaît dans le film. Elles sont pourtant prises dans les fourches caudines de cette société qui cherche avant tout du rendement, du profit, de la croissance. Et le fait que l’on ne soit pas capables de rentrer en relation avec ces êtres vivants fait qu’on les considère comme des ressources ou comme un décor. Selon moi, elle est là la réelle source du problème. Si l’on arrivait à ressentir cette empathie pour les gens et pour les êtres vivants, on ne supporterait pas un certain nombre de choses qui se passent dans le monde aujourd’hui. C’est ce qu’il ressort de cette séquence avec l’éleveur de lapins. Bella et Vipulan arrivent dans son exploitation avec leur sensibilité, leurs yeux d’adolescents. Ils ne comprennent pas pourquoi cet homme a choisi de faire un métier qui le mène à enfermer des lapins dans des cages, et d’avoir l’air de ne rien ressentir quand il ramasse le cadavre de l’un d’entre eux… Mais au bout d’un moment, ils comprennent que, lui aussi, est en quelque sorte en cage et qu’il est obligé de se désensibiliser parce qu’on lui demande de produire vite, en grande quantité et le moins cher possible.

En visionnant le film, on passe par plusieurs émotions comme la tristesse, la colère, l’espoir… Laquelle voulez-vous voir dominer auprès des spectateurs, au moment où ils quittent la salle ?

L’espoir. Le fait de se dire que tout n’est pas foutu et que les humains sont capables du pire, certes, mais aussi du meilleur. Grâce à leurs qualités exceptionnelles – comme l’analyse, l’étude des écosystèmes, cette capacité de coopérer à des millions -, ils ont la possibilité de transformer cette planète. On a les moyens non seulement de défendre le vivant, mais aussi de le régénérer. J’ai envie que le film leur donne du jus, de l’énergie.

Le livre “Animal” est paru en parallèle. Qu’y trouve-t-on qui figure pas dans le film ?

Énormément de choses puisqu’on avait plus de 150 heures de rush ! Le tournage, qui a duré 6 mois, nous a permis de faire des rencontres vraiment formidables, qui n’ont pas pu être gardées au montage. Par exemple, avec des peuples autochtones du Costa Rica qui ont une relation aux animaux et aux forêts totalement différente de la nôtre, et sur laquelle on a beaucoup à apprendre. Ou encore avec le grand anthropologue Philippe Descola, auteur de l’ouvrage “Par-delà nature et culture”, avec qui on a fait un entretien passionnant. On a aussi été en Californie, dans une réserve naturelle, où l’on a pu comprendre ce que c’était que les superprédateurs, ce qu’on appelle la cascade trophique, c’est à dire toute la chaîne du vivant. On a aussi observé comment des gens qui vivent dans la Silicon Valley essaient de cohabiter avec des pumas. On a été dans un village au Kenya, où les habitants essayent de partager leurs ressources en eau avec les éléphants. On a eu des conversations extrêmement enrichissantes avec Claire Nouvian, qui intervient dans le film, sur le décodage du parlement européen ou le fonctionnement des lobbys. J’ai écrit toute une partie du livre qui fait la jonction entre ces entretiens et qui essaye de donner une trajectoire de sens pour qu’il soit une sorte de voyage, durant lequel s’opère une construction intellectuelle qui progresse au fil des pages.

Dans le film, on apprend que la santé sera le nouvel indicateur fondamental qui remplacera la croissance économique. Est-ce quelque chose qui est déjà en cours, selon vous, et qui va s’accentuer avec la pandémie ?

Ce qui est fou c’est qu’on a interviewé Eloi Laurent, auteur de ces propos, en décembre 2019, avant même le début de la pandémie. Et il va même plus loin, puisqu’il note que lorsqu’on demande aux gens, via des études sociologiques à travers le monde, ce qui est le plus important pour eux, ils répondaient invariablement la santé, avant même la pandémie. Les proverbes populaires vont d’ailleurs dans ce sens : “tant qu’on a la santé…”. Selon Eloi, il est indispensable aujourd’hui de structurer nos politiques économiques et sociales autour de cet objectif précis qui est de permettre à la vie de perdurer sur cette planète. En s’intéressant à la santé des humains, on n’a d’autres choix que de s’intéresser également à la santé des écosystèmes, car les deux vont de pair. On ne peut pas être en bonne santé sur une planète qui se serait réchauffée de 4 degrés, où les pollinisateurs s’effondreraient, où les forêts seraient rasées. On a besoin du monde vivant. C’est grâce à lui que l’on peut respirer, boire, manger. Donc on était éberlués lorsqu’on a monté cette scène pendant le confinement, alors que la pandémie venait de démarrer, car elle prenait d’autant plus d’ampleur. Il nous disait aussi que dans certains endroits du monde, ce chemin est en marche. Par exemple, en Nouvelle-Zélande, ils ont voté un des premiers budgets où la santé des enfants prime par rapport à l’objectif de croissance économique. C’est une petite révolution. La question maintenant est de savoir si la même chose serait envisageable dans nos pays, plus grands, qui continuent de regarder la croissance comme l’alpha et l’oméga.


“En s’intéressant à la santé des humains, on n’a d’autres choix que de s’intéresser également à la santé des écosystèmes. Les deux vont de pair.”

Que devrait-on mettre en place, tout un chacun et dès aujourd’hui, pour “protéger la vie”, comme c’est si joliment dit dans le film ?

On peut faire des choses à plusieurs niveaux différents. Dans sa vie de tous les jours, tout d’abord, en réduisant considérablement sa consommation de produits d’origine animale. Cela a un impact énorme sur la déforestation et donc sur la biodiversité et sur le climat. Mais aussi en utilisant moins de plastique. Ou encore en vivant plus sobrement, c’est-à-dire en achetant moins. Ensuite, il y a un deuxième niveau d’action selon moi, qui est le métier que l’on exerce. C’est finalement là où l’on passe le plus de temps dans la journée, où l’on essaye d’exploiter au mieux notre matière grise, nos talents, notre enthousiasme. Je répète souvent ces mots aux plus jeunes : vous allez arriver à un moment de votre vie où vous allez devoir choisir votre profession. Vous avez une occasion extraordinaire, non seulement d’opter pour quelque chose qui vous donne envie de vous lever le matin, qui vous passionne, qui vous permette d’exprimer vos talents, mais aussi qui peut être utile au monde et participer à le réparer. Selon moi, la révolution commence là. Et enfin, l’engagement collectif ou l’engagement politique, qui nous pousse à faire en sorte que les structures politiques et économiques évoluent. C’est voter, manifester, s’intéresser à la démocratie au quotidien et trouver les moyens d’y participer. Il y a en a qui y prennent part en intégrant des conseils de quartier, d’autres, de façon beaucoup plus déterminée, qui occupent par exemple des terrains pour empêcher qu’on construise des nouvelles autoroutes, aéroports ou centres commerciaux. Pour eux, il s’agit vraiment d’engager un bras de fer avec des grandes entreprises et avec le monde politique pour défendre le vivant.

Diana Unlimited Publication http://dianaunlimited.fr

Diana Abdou 30 ans de Sainte-Ruffine, Je suis auto entrepreneuse d'une maison d'édition depuis le 13 novembre 2019, je suis passionnée par les magazines de mode ayant créé mon propre site pour réaliser mon rêve de créer un magazine homonyme (mixte transsexuelle ) Diana Unlimited c’est avant tout une marque, c’est un mode de vie, et illimité est vraiment le bon mot parce que nous prévoyons d’avoir des entreprises dans toutes les formes de médias que vous pouvez imaginer. Y compris notre magazine homonyme. Je vous présente une nouvelle vision et une nouvelle mission de se concentrer sur les filles les femmes et les transidentités qui ressentent leur propre pouvoir illimité.
Alors à très bientôt dans mes pages..

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