C’est dans ces moments de grande charnière que l’envie d’un nouveau départ se fait davantage sentir. Faire du tri, tourner la page et s’offrir du tout est possible pour se réinventer, saisir ce qui a du sens pour soi et avoir l’audace de le vivre à fond.

Un autre facteur souvent mentionné est la tendance au perfectionnisme. Toute la littérature sur le sujet le confirme : le perfectionnisme accroît le risque de burn-out. La conscience professionnelle poussée à l’extrême a un prix lorsqu’elle se traduit par l’incapacité de se contenter de l’acceptable et la volonté systématique de viser l’excellence. Car quand la machine s’emballe, il devient de plus en plus difficile, voire impossible, de produire à la fois plus et mieux. Ce qui s’avère souvent très coûteux en estime de soi pour des personnes qui prétendent à la perfection. Perfectionnisme qui, poussé à l’extrême, s’accompagne souvent d’une difficulté à dire non, à déléguer et d’une surcharge d’autant plus probable que la charge individuelle s’en trouve alourdie.
Le mécanisme à l’oeuvre n’est rien moins qu’un transfert de contrôle de l’individu vers sa tâche : au lieu de garder la maîtrise de la gestion de son temps en circonscrivant une tâche dans un temps limité, la personne perfectionniste a tendance à laisser ladite tâche prendre le contrôle et définir le temps à y consacrer. Au détriment d’autres aspects de sa vie souvent plus importants que la tâche en question. Je ne résiste pas à insérer ici un petit clin d’oeil à la fameuse bande dessinée d’Emma qui dénonce le problème de la charge mentale et qui illustre en quoi aller au bout de ses tâches professionnelles, notamment quand on est parent, tiendrait plus du luxe au détriment de sa vie de famille que de la prouesse. Grandir, de ce point de vue-là, c’est savoir prendre la décision, à la fois ferme et coûteuse, de ne plus laisser nos tâches nous contrôler, et de garder coûte que coûte la maîtrise de notre temps. Un coup dur pour le perfectionnisme !
Alors pour s’aider, on marque le coup en prenant de bonnes résolutions. Même si elles n’ont pas la côte parce qu’elles ont ce petit côté “mise sous pression” et “source de culpabilité du fait de ne pas les tenir” (ceci explique peut-être cela), il n’empêche que pour vivre un changement il est bon de prendre du recul et voir la différence entre ce que je fais et ce que je veux pour être droit(e) dans mes bottes.




LE SHOOT
Tous ces automatismes font du bien sur le moment, parce qu’ils nous rassurent. Un shoot comme je les appelle. Ces façons anciennement vertueuses -car oui à un moment c’était nécessaire de faire comme ça- devenues à présent vicieuses, sont pourtant remises sans cesse sur la table parce que j’ai toujours fait comme ça. Ce paradoxe de l’antidote qui devient le poison demande de faire un choix et donc un deuil. Bienvenue dans le tri conscient.
Qui n’a jamais mangé “un truc bon” pour se féliciter ou s’encourager ? Qui ne s’est jamais acheté les derniers incontournables finalement inutiles pour se sentir à la pointe, continuer de voir des personnes aux conversations creuses, s’occuper des autres avant soi ou tout contrôler pour être certain(e) que ça se passe comme prévu…Alors qu’on sait pertinemment que la première médecine est dans l’assiette, la surconsommation pollue, les relations inspirantes font grandir, prendre soin de soi permet de prendre mieux soin des autres et qu’il y a une différence entre contrôler et maîtriser.
Le risque de sacrifier le présent au profit du futur
Un dernier aspect qu’il me semble important de mentionner ici est celui de notre rapport au présent. Dans son ouvrage « How will you measure your life ? », l’universitaire américain Clayton Christensen décrit parfaitement ce phénomène, souvent à l’œuvre malgré nous dans nos vies. Il décrit notre tendance à sacrifier la qualité de ce qui se joue ici et maintenant dans le moment présent au profit d’un futur finalement très incertain. Et raconte notamment comment, au lieu de profiter du moment présent en consacrant du temps de qualité à ce qui comptait vraiment pour lui (il prend l’exemple de ses propres enfants), il a longtemps privilégié des longues journées de travail dans l’optique d’une lointaine et hypothétique progression de carrière. Or nous ne pouvons être certains que du présent…Et s’il est communément admis qu’il n’est pas bon de vivre dans le passé, le futur bénéficie quant à lui d’une meilleure image dans la mesure où il est porteur d’espoir. Nombreux sont ceux qui considèrent vertueux les sacrifices faits aujourd’hui dans l’espoir de lendemains meilleurs. Mais qui dit que, dans 20 ans, ces mêmes personnes ne repousseront pas encore leur bien-être présent au profit de lendemains qui chantent ? Et qu’au final, elles n’arrêteront jamais de courir, sans avoir jamais su profiter de l’instant présent ? Le risque est grand de ne pas savoir conjuguer pleinement sa vie au présent, et il y a un enjeu fort à savoir habilement doser le mix entre l’investissement dans le présent et l’investissement dans le futur…
TRIER LE CONTENU DU CONTENANT
Une fois sorti(e) de la culpabilité en assumant que nos solutions obsolètes d’aujourd’hui ont eu leur raison d’être hier, nous pouvons enfin faire la différence entre le contenant et le contenu. Autrement dit de distinguer ce qui a du sens pour soi et la manière dont on s’y prend pour le vivre. Car trier n’est pas une histoire de jeter le bébé avec l’eau du bain à coup de table rase. Il s’agit de détecter ce que nos précédents choix servaient comme besoins profonds tels que l’appartenance, l’équité, la fiabilité ou encore la reconnaissance et redéfinir comment y répondre de façon alignée avec qui nous sommes aujourd’hui.




L’important n’est souvent pas urgent, et l’urgent souvent pas important
La bonne nouvelle, c’est que prendre conscience de tous ces écueils est ce qui nous permet de les contourner. Car dans tous les cas, c’est nous qui sommes à la manœuvre, et artisans de nos choix. C’est ce que la « tri-thérapie » de Michael lui a permis de réaliser. Dont acte. S’il est aujourd’hui capable de mener sereinement de front tous ses combats, c’est parce qu’il a décidé de façonner sa vie de manière à la rendre plus conforme à ses aspirations profondes, plus équilibrée donc, et au final plus pérenne. Comment ? Nous allons voir quels sont les secrets d’un ré-équilibrage réussi.
Le problème sous-jacent auquel nous devons faire face est que l’important n’est souvent pas urgent, et l’urgent souvent pas important. Mettre systématiquement au premier plan des sujets professionnels à cause de leur caractère urgent (mais pas nécessairement important) au détriment de sa vie de famille (importante, mais pas urgente), c’est risquer de négliger l’important à court terme et de le mettre finalement en péril sur le long terme. Rentrer le soir pour passer du temps avec ses enfants n’est jamais urgent, et pourtant…à défaut de leur consacrer l’attention nécessaire, c’est toute une relation parents-enfants (souvent bien plus importante à nos yeux que notre carrière) qui peut être mise à mal sur le long terme. Et cela est bien plus difficile à rattraper après-coup qu’à cultiver au quotidien, à condition bien sûr de faire l’effort conscient de donner la priorité à ce qui compte vraiment.
Les coulisses du ré-équilibrage
Se poser la question du sens
Pour décider de l’orientation à donner pour ré-équilibrer sa vie, rien de tel que de revenir aux fondamentaux, en se (re)posant la question du sens : « qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ? qu’est-ce que j’ai envie d’avoir accompli dans ma vie ? » … Des questions de ce type permettront de déterminer un cap, une orientation générale, une direction (bref, un sens !). Et de prioriser ses activités en conséquence. Dans le cas de Clayton Christensen, quand il a pris conscience que ce qui comptait pour lui avant tout était de réussir sa vie de famille, il a complètement revisité sa manière de travailler et de faire ses choix professionnels. Avec succès.
Michael a fait ce même cheminement, qui l’a conduit à revoir en profondeur son agenda hebdomadaire, et à ritualiser des temps de ressourcement (2 demi-journées/semaine protégées pour avancer sur ses dossiers de fond, 2h de sport et 1h de massage hebdomadaires, des plages de temps programmées pour ses enfants, des congés planifiés à l’avance…). Sanctuariser ce qui est important et le faire passer avant tout le reste permet de protéger et de construire l’essentiel. La métaphore « Remplir le pot » est une belle manière d’illustrer ce point.
Améliorer sa productivité
Il ne s’agit pas pour autant de négliger ses performances professionnelles. Au contraire, l’idée est de renforcer sa productivité pour devenir plus efficace. Il existe pour cela des méthodes éprouvées, souvent très simples, qui permettent d’améliorer significativement sa productivité. Je pense notamment à la technique dite « du Pomodoro », conçue par Francesco Girillo et résumée dans cet article. Elle repose sur 4 grands principes :
1. Travailler avec le temps, pas contre lui
2. Éliminer le risque de burn-out, en prenant des pauses courtes et planifiées pendant le travail pour récupérer et éviter la surchauffe
3. Gérer les distractions (appels téléphoniques, courriels, messages Facebook ) en apprenant à les classer par ordre de priorité et à les planifier pour plus tard
4. Créer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée en maximisant sa productivité sur les tâches prioritaires tout en profitant pleinement de son temps libre
LA CONSCIENCE DU CYCLE
Alors pourquoi est-ce si difficile de voir ce qui nous a aidé à nous construire comme dépassé, vidé de sens, voire même toxique ? Pourquoi s’attacher à des choses ou des principes qui nous nuisent ? Parce que, qu’il s’agisse de son premier ordi, de son dernier amour, de son ancien job où on a tout donné, le dernier fil qui nous y attache est coriace à couper, du fait qu’il prouve entre autres le chemin parcouru. Et comme dit l’adage on sait ce qu’on perd mais pas ce qu’on trouve. Les fameux on ne sait jamais et ça peut toujours servir qui grippent le mouvement perpétuel de la vie. Et à en croire Léonard de Vinci qui nous rappelle que le mouvement c’est la vie, il est urgent de réenclencher ce cycle organique de naissance-épanouissement- maturité-obsolescence-mort si nous ne voulons pas imploser.
Très simple à mettre en œuvre, cette méthode consiste à appliquer et répéter jusqu’à 8 fois dans une même journée la procédure suivante :
1) Choisir une tâche
2) Régler un minuteur sur 25 minutes
3) Travailler sur cette tâche jusqu’ à ce que le minuteur sonne, puis cocher une case sur un outil de suivi
4) Faire une pause de cinq minutes (vous venez de terminer votre premier Pomodoro, bravo !); puis
5) Répéter les étapes 1 à 4 trois fois, puis faire une pause de 15 minutes.
Ce faisant, vous maximiserez votre productivité en tirant le meilleur des capacités de votre cerveau que vous aurez fait se concentrer sur un seul sujet à la fois pendant 25 minutes puis auquel vous aurez accordé une pause avant de refaire cette gymnastique plusieurs fois. Les neurosciences sont unanimes sur le sujet : c’est la meilleure manière de le faire travailler efficacement ! Cela suppose une bonne dose d’autodiscipline dans ce sens, mais qui vaut largement la peine en regard des bénéfices du processus.
FAIRE LE TRI DANS SA TÊTE…
La surcharge mentale. Un joli nouveau nom pour parler du bordel présent parfois dans notre tête. 4 choses pour commencer à dénouer la pelote.
- Listez ce que vous avez à faire.
- Différenciez urgence et importance en vous inspirant du sens du tri trouvé au paragraphe maison.
- Prenez rendez-vous avec vous-même pour passer à l’action.
- Etanchéifiez chaque tâche : une chose à la fois et à 100% dedans.
FAIRE LE TRI DANS SON COEUR…
Ici l’idée est de trier ce qui pollue beaucoup l’espace émotionnel est la culpabilité. Quel que soit la situation ou les pensées qui vous culpabilisent procédez en 3 phases pour la trier.
- Replacez les éléments dans l’ordre chronologique de leur déroulé.
- Séquencez vos choix dans ce même ordre.
- Regardez à nouveau ce que vous avez décidé individuellement et posez-vous la question : aurai-je pu faire autrement ? La réponse est bien souvent négative.
FAIRE LE TRI DANS SON CORPS…
Accompagner une alimentation raisonnée d’une cure de jus PAF l’aide à trier rapidement et intégrer les nutriments nécessaire à son fonctionnement optimal. Et en plus ils sont gourmands ce qui trie au passage l’amalgame détox/privation.
En considérant son corps comme sa première maison, son véhicule sacré. Faire du tri dans son corps commence par lui offrir un espace pour lui laisser l’opportunité de ré-enclencher sa régénération naturelle. En dormant plus, en buvant davantage d’eau et en allégeant sa digestion.
Pour atteindre l’emploi désiré, le travailleur ira souvent par essais et erreurs au cours de sa carrière.
Les symptômes d’un mauvais choix de carrière sont assez simples à détecter : lassitude par rapport aux tâches qui paraissent redondantes ou sans intérêt, tensions au travail qui peuvent avoir des répercussions dans la vie privée, fatigue mentale et physique, éternelle insatisfaction avec des périodes de doutes ou de regrets intenses.
Même si certains savaient dès le départ le métier qu’ils exerceraient et dans quel contexte, comme une vocation, ou que d’autres ont eu le plaisir de reprendre les affaires familiales, il y a aussi ceux qui n’ont pas eu ces chances-là et qui se sont égarés dans une voie professionnelle qui ne leur permet pas de s’accomplir.
Les raisons d’un mauvais choix peuvent être multiples :
* L’appât du gain. Vous avez eu envie de gagner davantage d’argent sans prendre le temps d’analyser si le travail qui vous était offert était réellement fait pour vous.
* La mécompréhension des attentes du métier. Vous avez choisi des études sans vraiment prendre conscience de ce que seraient vos tâches et responsabilités quotidiennes.
Et pourquoi pas modéliser ?
Que retenir de tout cela ? Pour moi, deux choses :
1. l’équilibre tant recherché entre vie professionnelle et vie privée n’arrive jamais par hasard, chacun de nous doit en être l’artisan, conscient, en veillant à mettre en cohérence ses désirs profonds avec son comportement au jour le jour
2. il existe de nombreuses façons d’œuvrer dans ce sens, mais toutes supposent de l’autodiscipline (pour fixer des limites) et de la détermination (pour éviter de se disperser)
Avancer dans sa vie professionnelle sans s’être posé la question de ce qui est vraiment important pour soi est donc risqué, car cela conduit tôt ou tard à la subir, parfois jusqu’au burn-out, au lieu d’en choisir les modalités et de la rendre plus conforme à ses aspirations. Qu’en est-il de vous ? Accordez-vous le temps nécessaire à ce qui compte vraiment pour vous ? Etes-vous au clair avec les aspirations des personnes de votre équipe ? Et comment pourriez-vous, à votre niveau, aider vos collaborateurs à mettre en place les conditions d’un équilibre de vie satisfaisant ?
Une fois que le travail d’introspection professionnelle a été accompli et que vous êtes convaincu que le métier que vous exercez n’est pas pour vous, vous pourriez tenter de faire marche arrière. Si l’un de vos emplois précédents vous rendait heureux au travail, vous pourriez postuler pour un poste similaire. Et si, au cours de votre carrière, vous n’avez jamais ressenti de passion ni d’envie de continuer le métier que vous faites, alors il vous reste la réorientation de carrière et possiblement le retour aux études.
Le mauvais conseil. Vous avez suivi le conseil d’un proche ou d’un collègue qui a voulu bien faire, mais qui n’a pas les mêmes aspirations professionnelles que vous et qui, sans le vouloir, vous a incité à prendre une mauvaise décision.
Si vous avez encore des doutes sur l’importance de continuer à cultiver cet équilibre dans les moments de forte pression, je vous invite à vous inspirer de ceux qui ont su résister à des pressions encore plus grandes. Steve Jobs, fondateur d’Apple, est le premier à affirmer que c’est précisément dans les moments où nous sommes le plus sous pression au plan professionnel qu’il faut veiller à cultiver ses autres domaines de vie, et que c’est ce qui l’a fait tenir, lui, sur la durée. Et ce malgré la tentation bien humaine d’au contraire mettre tout le reste entre parenthèses pour se consacrer corps et âme à ses urgences professionnelles. D’après vous, comment s’y prennent vos mentors, ceux qui vous inspirent, lorsqu’ils se retrouvent dans des situations similaires ? Et comment pourriez-vous vous en inspirer dans vos propres comportements ?
1 thought on “Avoir conscience de la situation et savoir faire le tri”
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.